Sebrle offre son premier titre européen à la Tchéquie
A Munich, aux championnats d'Europe d'athlétisme, Roman Sebrle a, hier, offert à son pays la première médaille d'or continentale de sa jeune histoire. Mais la joie du décathlonien contrastait avec la déception de ses compatriotes Tomas Dvorak et Ludmila Formanova. Dans ces sourires, ces grimaces ou ces larmes, c'est toute la beauté du sport que vous résume Guillaume Narguet.
En s'effondrant sitôt passée la ligne d'arrivée du 1500 mètres, épreuve clôturant le décathlon, Roman Sebrle succombait tout autant à l'épuisement qu'au bonheur de la conquête de son premier titre international en plein air. Et après avoir embrassé sa femme présente au bord de la piste, il pouvait s'envelopper du drapeau tchèque et s'élancer dans un tour d'honneur mérité. Alors, tel un matador salué par les mouchoirs blancs de l'arène réclamant queue et oreilles du taureau ou encore un gladiateur, survivant, voyant les pouces du peuple du Colisée se lever pour demander sa grâce auprès de l'empereur, Sebrle put savourer la reconnaissance d'un stade olympique bourré jusqu'à la gueule. L'athlète ne manqua d'ailleurs pas, lors de la conférence de presse, de saluer le soutien de ce public allemand connaisseur à l'esprit si sportif. Avec un total de 8800 points, qui le laisse tout de même à plus de 200 points de son record du monde, le vice-champion olympique aura prouvé que sa contre-performance, l'année dernière, aux championnats du monde d'Edmonton n'était qu'un accident de parcours inévitable dans une discipline aussi exigeante que le décathlon. Et dès à présent, les regards de Sebrle sont déjà tournés vers les championnats du monde organisés à Paris en 2003 et, surtout, les Jeux olympiques d'Athènes en 2004. Des échéances qui semblent bien éloignées des préoccupations de Tomas Dvorak. Contraint au premier abandon de sa carrière au terme de l'épreuve du saut à la perche, le triple champion du monde de décathlon, blessé et hors de forme l'essentiel de la saison, n'aura jamais été en mesure d'inquiéter son rival Sebrle. Une déception donc bien difficile à avaler pour ce bagarreur haïssant la défaite, mais qui pourrait se révéler comme une nouvelle source de motivation et de remise en question pour la suite de sa carrière. Une suite de carrière que Ludmila Formanova peut envisager avec optimisme après sa quatrième place obtenue en finale du 800 mètres. Après une absence pour convalescence longue de trois ans, le retour vers les sommets de l'ancienne championne du monde est la preuve qu'en sport, volonté, envie et motivation sont la recette de véritables tours de magie.