Six artistes handicapés mentaux de Munich et de Rome exposent à Prague
La galerie Artinbox, située rue Perlová, dans la Vielle-Ville de Prague, expose à partir de ce mercredi et jusqu’au 15 novembre les œuvres sur papier de cinq artistes allemands et d’un plasticien tchéco-italien, tous handicapés mentaux. Ces collages et dessins abstraits riches en couleurs, qui parlent des émotions de leurs auteurs, peuvent aussi évoquer des images urbaines ou des paysages. Le titre de l’exposition - « Mentální vrstevnice » - fait, quant à lui, allusion au terme géographique de courbes de niveaux… Le commissaire de l’exposition Terezie Zemánková nous en dit plus.
Quelles sont les techniques utilisées par ces artistes ?
« Vít Kosinka dessine au feutre. Il fait aussi des collages de papier et utilise d’autres techniques encore. Les autres artistes travaillent avec du pastel à l’huile et avec du pastel sec. »
Donnent-ils des titres à leurs œuvres ?
« Non, presque jamais. Si nous avons appelé cette exposition ‘Mental Contours’, que l’on pourrait traduire en français comme ‘Courbes de niveau mentales’, c’est plus qu’une métaphore. Ce titre décrit, justement, leur technique : souvent, ils font une première couche de couleur qu’ils recouvrent ensuite d’une autre couleur. Les couleurs ainsi se mélangent et le résultat final ressemble à un relief. Nous pouvons alors parler d’une géographie mentale, très concrète. »
La création est sans doute une sorte de thérapie pour ces artistes handicapés…
« Oui, mais ce n’est pas de l’art-thérapie proprement dit, parce que l’objectif n’est pas de les soigner. Ils sont, évidemment, assistés par des professionnels, mais uniquement en ce qui concerne les techniques et le format utilisés. Je crois que ce qui est important pour ces gens, c’est la possibilité de s’exprimer, car beaucoup d’entre eux ne sont pas capables de communiquer d’une autre manière. »L’atelier HPCA s’expose-t-il souvent à l’étranger ?
« Oui, moi, je l’ai découvert à l’occasion d’une exposition à Bratislava, il y a trois ans. Pour notre exposition, nous avons choisi uniquement des œuvres abstraites. Nous trouvons que l’absence d’un modèle concret nous donne une grande liberté – à nous, les spectateurs, et aussi aux artistes. Car nous n’avons pas l’intention de comparer l’œuvre avec la réalité ou avec des dessins d’enfants par exemple. Pour moi, ces œuvres abstraites sont tout à fait comparables avec des œuvres de professionnels, sauf que les artistes professionnels arrivent au même but par un chemin tout à fait différent, disons par une réduction intellectuelle. Tandis que pour les artistes handicapés, c’est une expression artistique spontanée. »