« Some like it Czech » : saison 2 pour les films tchèques en VOST
Après une année « très satisfaisante », les projections de films tchèques avec sous-titres en anglais « Some like it Czech » reprennent au cinéma Aero. Au programme de cette saison 2, entre autres films cultes, une comédie romantique en noir et blanc, un classique de Noël et l’histoire de jeunes « solitaires » au tournant de l’an 2000.
Nous les avions rencontrées cet hiver, à l’occasion de la projection des « Snowboarďáci » (« Les snowboardeurs »), un film souvent qualifié d’« American Pie » à la tchèque. Six mois et presque autant de séances plus tard, Anna Šenfeldová et Šárka Bekrová ont décidé de rempiler pour une nouvelle saison avec leur projet « Some like it Czech », qui vise à familiariser les étrangers vivant à Prague avec la culture tchèque par le biais de sa cinématographie.
Mercredi 21 septembre, néanmoins, pas d’humour scatologique et en dessous de la ceinture comme dans les mésaventures et les désamourettes d’adolescents aux sports d’hiver auxquelles nous avions assisté en janvier : c’est un tout autre genre de film que les expatriés de Prague pourront voir au cinéma Aero, dans le quartier de Žižkov. Šárka Bekrová :
« Le 21 septembre, nous ouvrons cette nouvelle saison avec une comédie plutôt aigre-douce intitulée ‘Samotáři’ (‘Les Solitaires’). C’est un film devenu culte, qui raconte l’histoire de sept jeunes gens qui essayent de trouver l’amour, et aussi de se trouver eux-mêmes, au début du XXIe siècle. Ce film a été tourné en 1999 et il a marqué une véritable rupture vers le monde contemporain. »
Certains l’aiment tchèque
Lancé en octobre 2021, le projet « Some like it Czech » présente, à raison d’une séance par mois, des films tchèques grand public ou art et essai, mais toujours cultes et sous-titrés. Šárka Bekrová fait le bilan de cette première année :
« Nous sommes très satisfaites, et heureuses de pouvoir lancer une nouvelle saison. Tout au long de la première saison, nous avons eu un public stable, autour de 100 spectateurs environ. Cet hiver, je vous avais dit que nous n’avions pas vraiment d’étudiants Erasmus parmi le public, mais je dirais que cela a évolué, et ces étudiants s’intéressent désormais aux aussi à notre projet. Mais parmi les spectateurs, ce sont toujours les couples mixtes les plus nombreux. »
Oscars, bière et gangster
« Pour la première saison, c’est le film primé aux Oscars ‘Kolja’ qui a fait le plus d’entrées. En juin, nous avons passé le film quelque peu étrange ‘Slunce, seno, jahody’ du réalisateur controversé Zdeněk Troška ; il a eu du succès lui aussi. Et puis, le film de Jiří Menzel, ‘Postřižiny’ (en français ‘Une blonde émoustillante’) a aussi rencontré du succès. Nous l’avons passé en mars, pour marquer l’arrivée du printemps et de la nature qui devient verte – y compris le houblon. A cette occasion, en guise d’introduction au film, nous avons parlé des brasseries en Tchéquie, mais aussi de l’auteur Bohumil Hrabal – qui a écrit le roman La chevelue sacrifiée, dont s’inspire le film ‘Postřižiny’ –, ainsi que du réalisateur oscarisé Jiří Menzel. Et puis nous avions préparé une dégustation de bière Postřižinské, ce qui a largement contribué au succès de la soirée ! »
Etablissant la programmation en fonction des événements, fêtes et saisons, les organisatrices prévoient par ailleurs systématiquement une animation thématique. Du stand up et des sketchs d’humoristes, souvent – mais pas toujours : au printemps, pour compléter un film criminel basé sur une histoire vraie, la soirée était nettement plus sérieuse. Šárka Bekrová :
« En avril, nous avons projeté le film ‘Příběh kmotra’, qui est basé sur l'histoire du gangster tchèque František Mrázek. Pour l’occasion, nous avions invité pour une foire aux questions l’ancien adjoint du service de police Hynek Vlas, qui était à la tête de l’équipe enquêtant sur l’assassinat de Mrázek. Le public n’était pas extrêmement nombreux, mais cette foire aux questions assez inhabituelle n’en a été que plus enrichissante. »
« Les années 1990 en Tchéquie ont été une décennie vraiment ‘sauvage’ : d’un seul coup, la révolution, une liberté totale et à en perdre la raison, ce qui a débouché sur des bizarreries criminelles comme par exemple l’assassinat de František Mrázek. »
Noir et blanc haut en couleur
La saison 2022-2023 de « Some like it Czech » prévoit également quelques classiques du septième art tchèque : en décembre, c’est « Pelíšky » qui sera projeté, inévitable film de Noël du même acabit que « Le père Noël est une ordure » en France, puisque la télévision tchèque le passe chaque 24 décembre sans faute. Šárka Bekrová aimerait également pouvoir présenter le film culte de Miloš Forman « Hoří, má panenko », (« Au feu, les pompiers !), même si cela reste encore à confirmer.
Pour octobre, néanmoins, le programme est déjà choisi : un peu paradoxalement, alors qu’approche la date anniversaire des trente ans depuis la dissolution de la Tchécoslovaquie, c’est la création de l’Etat tchécoslovaque qui sera mise à l’honneur. Šárka Bekrová :
« En octobre, nous marquerons le jour de la création de l’Etat tchécoslovaque indépendant [28 octobre, jour férié, ndlr]. Nous avons choisi d’évoquer la Première République tchécoslovaque pendant l’entre-deux-guerres en montrant à l’écran des stars du cinéma tchécoslovaque de l’époque (Adina Mandlová, Oldřich Nový et Nataša Gollová). C’est donc la comédie romantique ‘Kristián’ qui sera projetée le 19 octobre. C’est un excellent film ; néanmoins, nous redoutons un peu que le public ne soit pas très nombreux, car c’est la première fois que nous passerons un film en noir et blanc, et nous savons que les spectateurs contemporains n’apprécient pas tous ce genre de cinéma. Pourtant, ce film annonçait en quelque sorte les films à succès contemporains. Aujourd’hui encore, les réalisateurs tchèques s’inspirent du film ‘Kristián’ ; je dirais donc qu’il mérite vraiment d’être vu. »
« Some like it Czech » propose donc une programmation hétéroclite mais toujours enrichissante, même pour les étrangers vivant à Prague depuis des années. Et aussi pour Šárka Bekrová, à qui la concrétisation de ce qui était à l’origine un projet étudiant a également beaucoup appris :
« J’ai réalisé que c’était très compliqué ! et que cela prenait beaucoup de temps… Mais aussi, que rien ne pouvait remplacer la satisfaction que l’on ressent après chaque séance… Cela semblera peut-être un peu cucul, mais lorsqu’après le film les gens viennent vous remercier pour ce que vous faites, pour enseigner la culture tchèque un peu différemment de ce qu’on trouve dans les manuels touristiques, cela fait vraiment chaud au cœur. »
A partir du 21 septembre, donc, rendez-vous chaque mois au cinéma Aero pour des séances de culture tchèque accessible à tous.