Sommet de Paris contre le réchauffement : pour les écologistes, la République tchèque peut faire plus
En vue de la conférence de Paris, un sommet crucial sur le changement climatique organisé à la fin de l’année, la Commission européenne a publié mercredi son projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre avec des objectifs que l’organisation écologiste Hnutí Duha (le mouvement arc-en-ciel) juge trop peu ambitieux. Et la République tchèque fait selon elle partie des Etats responsables de faire pression pour freiner les ardeurs européennes de lutte contre le bouleversement du climat.
« Le problème principal dans ce que propose pour l’instant la Commission européenne, c’est que cela ne correspond pas aux modélisations réalisées par les scientifiques si l’on souhaite maintenir la hausse des températures sous le seuil des 2°C. C’est un réchauffement qui est déjà relativement dangereux. Il est donc nécessaire de limiter les besoins en combustibles fossiles davantage que ne le propose la Commission. »
Directeur du département à l’énergie et à la protection du climat au ministère de l’Environnement, Pavel Zámyslický juge pour sa part le document « satisfaisant et équilibré » :
« Cet engagement paraît peu ambitieux pour le Hnutí Duha, mais pour la République tchèque, il n’est pas peu ambitieux. Nous considérons que cet objectif européen est le plus ambitieux au monde et nous avons donc un point de vue différent. »Hnutí Duha regrette que la Tchéquie se soit jointe au groupe des pays qui a négocié pour réduire les ambitions environnementales de l’UE. Argument souvent avancé, l’importance du secteur industriel en Tchéquie, il n’est pas pertinent selon Jiří Koželouh, en comparaison à d’autres pays au profil similaire mais dont la politique environnementale est plus audacieuse.
Pour sa part, Pavel Zámyslický estime que placer la barre trop haute n’a pour effet que de dissuader les gouvernements à s’engager dans la voie de la transition énergétique :
« Les objectifs de la République tchèque sont consistants à long terme. Il faut surtout faire participer un nombre maximal de pays à ce processus international visant la réduction de l’émission de gaz à effet de serre. Une trentaine de pays seulement participent actuellement au processus de Kyoto avec des objectifs définis à l’horizon 2020. Sur les 190 Etats du monde, cela n’est pas beaucoup. Il faut intégrer le plus de pays possible et adapter les objectifs pour qu’ils soient acceptables par tous et non par une trentaine de pays seulement. »
Pour la Coalition climatique, qui regroupe plusieurs organisations écologistes tchèques, dont Hnutí Duha, le potentiel de réduction des gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables est pourtant bien plus important sur le Vieux Continent. L’Europe a en effet la capacité de se fixer pour elle-même des objectifs plus ambitieux que l'accord qui sera sans doute négocié à Paris. A leur échelle, certains pays le prouvent selon Jiří Koželouh :« Par exemple, la Grande-Bretagne s’est fixée son propre objectif de limiter les émissions de gaz à effet de serre de 80% d’ici à 2050, la France de 85% et il y a d’autres exemples. Donc d’autres pays de l’Union européenne comme la République tchèque sont en capacité de formuler des objectifs plus stricts. »
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point sur lequel il est possible d’agir :
« Nous voulons principalement attirer l’attention sur l’importance de cette conférence de Paris, qui concerne aussi les habitants de République tchèque. Il est ici possible de faire des choses pour limiter notre impact sur le climat. Par exemple, il doit être décidé cette année si les limites à l’exploitation de lignite seront maintenues ou non. Il est évident que si elles ne sont pas maintenues, il y a aura bien plus d’émissions de gaz. »Dans sa déclaration de politique générale, la coalition gouvernementale dirigée par le social-démocrate Bohuslav Sobotka a inscrit noir sur blanc sa volonté de faire voter une loi sur la réduction de la consommation des énergies fossiles. Cet engagement est pour l’instant resté lettre morte et Jiří Koželouh souligne qu’il serait à propos d’agir sur ce point dès cette année en amont de la conférence de Paris.