Stratégie pour une croissance accélérée

Miroslav Gregr

Le ministre de l'Economie, Miroslav Grégr, soutient que l'injection de 265 milliards de couronne, dans l'économie nationale, est de nature à stimuler la croissance. Une idée et un projet qui ne semblent pas faire l'unanimité. Les détails, avec Omar Mounir.

Miroslav Gregr
Le plan travaillé par le ministre de l'Economie, et dénommé le grand "big bang", part en effet du principe que l'économie recevrait au moins un investissement de 265 milliards de couronnes (l'équivalent de plus de 48 milliards de FF). Le ministre estime qu'une telle injection est de nature à contribuer à l'augmentation du PNB de 4% cette année encore et de 5 à 6% l'an prochain. Une impulsion qui, selon lui, va consolider l'économie nationale, à la veille de l'admission de la Tchéquie à l'Union européenne.

Cela dit, selon le quotidien Lidové noviny, des économistes indépendants ne partagent pas l'optimisme du ministre. Jan Vejmelek de la Komercni Banka déclare à ce propos : "Je ne pense pas qu'il suffit d'injecter dans l'économie nationale une telle somme pour obtenir, l'an prochain, une augmentation du PNB de 6%. Il ne pourrait s'agir que d'un geste populiste. Pour l'endettement de l'Etat qui est déjà important, un tel supplément de dette ferait plutôt l'effet d'un choc supplémentaire". Est-ce donc une fuite en avant de la social-démocratie au pouvoir, tendant à se faire bonne presse lors des élections de l'an 2002, et qui vivra verra ? C'est ce que suggèrent ce commentaire et d'autres.

Seulement, le Premier ministre Milos Zeman n'est pas de cet avis. Il attend beaucoup du plan de son ministre Grégr et inscrit cette opération dans la politique de transformation et d'assainissement de toute l'économie. Aussi déclare-t-il : "Nous venons d'en finir avec le nécessaire assainissement du secteur bancaire que nous avons tout simplement trouvé dans une situation catastrophique. Maintenant, il importe que l'apport de la privatisation soit réinvesti dans ce qui peut réellement nous rapporter, entres autres, l'industrie."

Tout cela est bien beau, mais la plus grande entrave au plan de Grégr demeure le nerf de la guerre. Pour cette année, le plan compte sur 99,7 milliards de couronnes, dont 50% viendraient du budget national et du fonds de construction et de transports, et les 50% restants du Fonds de l'Union européenne, du revenu de la privatisation et des ressources internes et externes de privatisation. L'an prochain, l'injection devrait être de 165 milliards couverts par l'emprunt obligataire, lequel devrait, à son tour, être remboursé à partir du revenu futur de la privatisation.

Le Premier ministre est convaincu qu'il n'est pas difficile de trouver cet argent. Tout dépend, selon lui, de l'accélération de la privatisation. La Komercni Banka, gros morceau, par exemple, sera cédée au secteur privé au printemps de cette année encore. Et, dans la mesure où le crédit sera destiné au développement régional, au bâtiment et au réseau routier, force est de constater qu'il est de nature à faciliter l'admission à l'Union, prévue en janvier 2003. Mais c'est quand même, soulignons-le, un emprunt sur l'avenir.

Auteur: Omar Mounir
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