Sylva Fischerová : « Écrire de la bonne poésie pour les enfants est la chose la plus difficile au monde »

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Le parc de Stromovka à Prague a été le théâtre, samedi dernier, d’un événement littéraire relativement insolite dans le contexte tchèque : une lecture en plein-air. Organisée par la Maison pragoise de la littérature allemande, la troisième édition de « Littérature dans le parc » a rassemblé des auteurs tchèques ainsi que des écrivains et poètes germanophones invités à présenter leurs œuvres.

Sylva Fischerová, Jakuba Katalpa, Petr Hruška et Emil Hakl : ce sont les noms éminents des écrivains tchèques qui ont pris part à l’événement. Les écrits de Julya Rabinowitch d’Autriche, de Jan Wagner d’Allemagne et de Daniel Mezger de Suisse ont été reproduits à la fois dans leur langue originale, en allemand, et en tchèque. La journée s’est clôturée par le concert de la chanteuse tchèque Monika Načeva qui a mis en musique les poèmes de l’un des auteurs. Directeur de la Maison pragoise de la littérature, David Stecher explique la genèse de cette manifestation :

David Stecher,  photo: David Vaughan
« Nous nous sommes inspirés d’événements analogues qui se tiennent à l’étranger. Moi-même, j’ai travaillé en Bavière où ces lectures en plein-air sont assez populaires. J’ai présenté cette idée lorsque je suis devenu directeur de la Maison de la littérature et nous avons décidé d’organiser cette journée dans le parc de Stromovka qui fait un peu office de Hyde Park en République tchèque. C’est ainsi que nous en sommes arrivés à cette troisième édition. »

La Maison pragoise de la littérature veille à l’héritage littéraire des auteurs allemands ayant vécu à Prague essentiellement au début du XXe siècle et dans l’entre-deux-guerres. Pour cela, l’institution gère une bibliothèque comptant un millier de titres, sans pour autant être tournée exclusivement vers le passé. En plus de proposer des séjours aux auteurs et des échanges littéraires entre les mondes germanophone et tchèque, la Maison pragoise de la littérature suit également l’actualité littéraire :

Photo: Site officiel du festival Literatura v parku
« Nous sommes une institution tchèque qui s’intéresse également aux auteurs tchèques ayant un lien avec l’Allemagne. Dans ce cadre, nous avons organisé une rencontre avec Jindřich Mann, le petit-fils d’Heinrich Mann, qui a écrit un roman autobiographique ‘Poste restante’. Il a écrit ce livre parce que, en Allemagne, où il vivait, on lui a dit que chaque membre de la famille Mann devait écrire un livre. La traduction tchèque de l’auteur est parue fin 2012. »

Présente également à Stromovka, la librairie jeunesse internationale Amadito & Friends avait, elle, monté pour le festival un kiosque improvisé dans lequel elle proposait des œuvres d’auteurs contemporains. Disposant de livres en français, en allemand et en anglais, c’est fort logiquement une sélection germanophone qui était présentée prioritairement à Stromovka. Sylvie Perrissoud, qui est une des fondatrices de la librairie, précise :

Photo: Site officiel du festival Literatura v parku
« Nous avons aussi des livres en allemand et des contacts avec les institutions qui représentent ces langues. Nous nous sommes donc rapprochés de Prager Literatur Haus. Ce samedi, nous sommes ici sur place et vendons les livres des auteurs qui lisent leurs extraits à cette occasion. Et pour compléter l’offre, nous avons aussi d’autres livres. Ce sont des livres en tchèque et en allemand. »

La première lecture du festival était destinée au jeune public. L’écrivaine et poète Sylva Fischerová, qui estime qu’écrire de la bonne poésie pour les enfants est la chose la plus difficile au monde, a présenté son livre de contes, un recueil d’histoires très diverses inventées ou inspirées d’histoires celtiques, indiennes ou encore japonaises, le tout dans un style poétique et humoristique. Interrogée sur les spécificités de la lecture publique pour les enfants, Sylva Fischerová répond :

Sylva Fischerová,  photo: Stanislav Soukup,  ČRo
« C’est la réaction immédiate du public qui est particulière lors de la lecture, puisque l’auteur sait tout de suite s’il a réussi à intéresser les enfants. En général, ils sont très intéressés, mais à vrai dire, ces contes sont plutôt destinés aux enfants plus âgés, ce qui fait qu’ils peuvent être appréciés aussi par un public adulte. Ainsi, je pense que cela confirme l’idée qui veut qu’un bon conte plaise aux petits comme aux plus grands. »

Les auditeurs intéressés peuvent continuer la découverte de l’univers germanophone pragois notamment à travers une exposition ouverte il y a un an à la Maison pragoise de la littérature.