Tourisme : les Français sont là, mais le concept de voyage a changé

Crise mondiale oblige, le tourisme Praguois a tendance à décliner. A tel point que la municipalité a décidé de lancer une gigantesque campagne publicitaire dès la rentrée, pour pas moins de 50 milliards de couronnes. Mais qu’en est-il des touristes francophones ? Notre invite, Patrick Beslon, est le cofondateur d’une agence de voyages spécialisée dans l’accueil de touristes francophones, Avantgarde Prague. La crise selon lui n’a pas arrêté les touristes français, mais elle a modifié leur comportement. Il répondait à Jean-Baptiste Durand.

« Effectivement, il y a une baisse de la fréquentation. La crise a quand même touché pas mal de monde et continue à toucher du monde. Et on s’aperçoit qu’une certaine tranche de la population va privilégier pour les vacances le pays d’origine et donc la France. Mais les Français voyagent. Il y a effectivement une petite baisse de fréquentation, mais finalement les Français sont là. Ils sont là mais le concept de voyage a changé, c'est-à-dire qu’on vient pour une période plus courte que les années précédentes ; pour 5 jours, alors qu’avant c’était beaucoup plus courant d’avoir des gens pour 7-10 jours. Ils font des économies, dans leur comportement, par exemple ils vont préférer un hôtel moins cher, et donc faire des économies sur ce genre de prestations. Mais ils sont là quand même pour visiter, donc sur les visites guidées, je n’ai pas senti de baisse significative. »

Donc les touristes sont toujours là, mais adoptent une attitude plus prudente, plus hésitante c’est bien ça ?

« Je ne dirais pas hésitante ni plus prudente, mais plus responsable, responsable quant au porte-monnaie tout simplement. C'est-à-dire qu’on va se permettre d’acheter une glace, mais pas à 5 euros. Et les clients aujourd’hui n’hésitent pas à négocier, sur les prix, ou pour que l’on fasse pression sur les prestataires pour pouvoir avoir des prestations moins chères. »

C’est une chose que vous ne ressentiez pas de cette manière il y a quelques années ?

« Ca a toujours existé, des gens essaient toujours d’obtenir un service moins cher, mais pas de cette façon aussi significative. C'est-à-dire que les gens le demandent et sont déterminés. Car ils estiment qu’ils sont en droit de le demander, que la situation le leur permet. Je veux consommer mais je veux consommer moins cher, et je n’hésite pas à demander. »

Comment vous adoptez-vous à ce nouveau type de comportement ?

« On s’adapte déjà au niveau du rapport qualité prix où nous avons toujours voulu nous positionner sur un excellent rapport qualité prix, nous n’attendons pas que le client le demande, nous le faisons, notre but c’est que le client soit satisfait. D’autre part, le client commande aujourd’hui au dernier moment. Il nous faut donc adapter notre structure, pour que par exemple ils puissent acheter sur notre site internet des prestations et même l’hôtel avec une carte bancaire, et jusqu’au dernier moment. C’est déjà possible grâce à une version test du site web. »

Photo: Archives de Radio Prague
« La on vient de parler du tourisme de loisir individuel ; en groupe c’est un peu différent. On a vu effectivement une forte baisse de la fréquentation, jusqu'à moins 80 % au moins de juin : nous n’avons eu pratiquement aucune demande, contrairement aux autres années. Aujourd’hui ça reprend, mais globalement, pour le tourisme, 2009 aura été une catastrophe, beaucoup d’entreprises ont dû mettre la clé sous la porte, trois agences de voyages ont dû fermer en République tchèque. En France, les agences événementielles spécialisées dans les voyages d’affaire ou de remerciements pour les collaborateurs, c’est fini on n’en entend plus parler. Les entreprises, même si elles ont de l’argent, ont annulé, pour une question de communication, car c’est mal perçu de faire la fête à l’étranger. Quand tout va mal, il vaut mieux aller faire la fête en France. Du coup, les entreprises ont annulé les séjours à l’étranger, et ont gelé tous leurs projets de séjour. Dans le tourisme d’affaire et événementiel, ça a donc été très difficile pour de nombreuses entreprises a Prague. »

A votre avis, combien de temps cette crise dans le tourisme va-t-elle encore durer ?

« Je pense que ça va reprendre dès la rentrée. C’est difficile de faire des prévisions à long terme. Ca va vivoter pendant les quatre mois à venir, mais c’est en septembre que l’on pourra véritablement juger car aujourd’hui c’est difficile de faire des prévisions. De toute façon ça va revenir, la question c’est quand et où. »