Transparency International : certaines firmes tchèques établies dans des paradis fiscaux liées à des politiciens
Depuis 2008, 222 entreprises tchèques ayant obtenu des commandes publiques ont des avoirs dans des paradis fiscaux. Ces sociétés peuvent donc transférer de l’argent public vers ces territoires et ainsi échapper à l’impôt sur le sol tchèque. L’organisation anti-corruption Transparency International, qui a dévoilé mardi les résultats d’une enquête menée avec la société de conseil Bisnode, note par ailleurs qu’une partie de ces sociétés sont liées à des politiciens ou lobbyistes tchèques.
Une enquête menée en coopération avec l’organisation Transparency International et l’association citoyenne Nos politiciens (Naši politici), montre de surcroît que ce statut n’empêche pas certaines de ces sociétés de remporter des appels d’offres publics. Radio Prague a contacté David Ondráčka, directeur de l’antenne tchèque de Transparency International, qui développe :
« Notre étude montre que des sociétés tchèques dont les propriétaires sont basés dans des paradis fiscaux obtiennent beaucoup de contrats publics, au total au moins 150 milliards de couronnes depuis 2008. Ils obtiennent également beaucoup d’argent en provenance des fonds européens. »
Ce sont donc 153 milliards de couronnes (près de 6 milliards d’euros) issus du trésor tchèque qui ont été versés à des entreprises ayant des avoirs dans des paradis fiscaux. Et comme le souligne David Ondráčka, le rapport précise que 277 de ces sociétés ont bénéficié de subventions européennes pour une somme totale d’environ six milliards de couronnes (plus de 200 millions d’euros). David Ondráčka poursuit :
« Actuellement, ces pratiques sont légales, mais nous pensons qu’elles ne sont pas légitimes. Il y a vraiment beaucoup d’organisations qui cherchent à faire de l’optimisation fiscale. Au sein de l’Union européenne, elles sont domiciliées à Chypre, aux Pays-Bas ou au Luxembourg, mais aussi à l’extérieur dans des pays comme les Seychelles, la Barbade ou d’autres des Caraïbes comme les Îles Vierges. »L’optimisation fiscale est le terme désignant les mécanismes que mettent en place certains particuliers ou entreprises pour se soustraire à la solidarité nationale, à l’impôt.
L’autre aspect sur lequel souhaite appuyer le document publié mardi est l’importance des liens existants entre certains politiciens et lobbyistes tchèques et une partie du corpus des sociétés étudié. Ces liens font craindre des conflits d’intérêts ou des manipulations d’appels d’offres publics. David Ondráčka insiste sur son espoir de voir les autorités tchèques, la justice et la police, se saisir de ces données et enquêter sur ces situations :
« Bien sûr, ce problème est global et je pense que l’Union européenne doit trouver des solutions. Mais l’administration tchèque peut également être active. Nous pensons qu’elle peut enquêter sur les cas de contrats publics qui sont passés avec ces entreprises. Par exemple, nous avons le cas du ministre du Travail qui travaille dans une société anonyme qui contrôle beaucoup de contrats publics, une société qui est vraiment anonyme à Chypre. Pour moi, c’est inacceptable. »
Ministre du Travail, František Koníček a travaillé pour une compagnie énergétique basée à Chypre, Equity Brokers, dont certaines filiales ont remporté des commandes publiques et qui doit participer au chantier d’extension de la centrale nucléaire de Temelín. Le ministre a réagi en rejetant toute faute et en indiquant que la société avait toujours payé ses impôts sur le territoire tchèque.Quelle que soit la réalité de ces collusions, il importe pour Transparency International de mettre fin à ce système opaque qui permet à la criminalité financière de prospérer.