Trois ans après l’accident ferroviaire de Studénka les coupables n’ont pas été identifiés
Le 8 août 2008 s’est déroulé l’un des plus graves accidents ferroviaires dans l’histoire de la République tchèque : à Studénka, dans la région de Moravie-Silésie, le train Eurocity Comenius reliant Cracovie à Prague s’est écrasé contre un pont en réparation dont une partie s’était effondrée sur la voie. L’accident a fait huit morts et une centaine de blessés. Samedi, un monument à la mémoire des victimes a été inauguré sur le lieu de la tragédie, dont les responsables n’ont toujours pas été trouvés.
« A chaque fois que je viens à cet endroit, j’ai le sentiment que l’accident a eu lieu trois heures avant. Je viens de marcher le long de la voie, depuis la gare. Je me souviens exactement de l’endroit où j’ai aperçu le pont s’écrouler. »
Jiří Šindelář, ainsi que deux cents autres personnes, les survivants et leurs proches, les familles des victimes, les sapeurs-pompiers et le personnel médical qui étaient intervenus ce jour-là, tous se sont tous réunis, samedi dernier, sur le lieu de l’accident, où un monument à été inauguré. Sa construction a été initiée par l’association civique Comenius 2008 Studénka et financée par des dons, des sponsors et même par son auteur Miroslav Rybička. Le sculpteur l’a créé à partir d’un élément du pont en béton armé à l’origine de l’accident. Sur le monument ont été gravés les prénoms des huit victimes tchèques et polonaises.En juin dernier a enfin commencé, devant le tribunal d’Ostrava, le procès de dix personnes chargées de la rénovation du pont en question. On écoute l’infirmière Naděžda Tomčíková, une des survivantes de l’accident et présidente de l’association Comenius 2008 Studénka, interrogée par la Télévision tchèque :
« Nous avons attendu avec impatience le début du procès. Trois ans après l’incident, c’est trop long. Ce délai a effacé certaines traces et l’accident est un peu tombé dans l’oubli. Ce n’est pas bien. Je pense que les autorités auraient dû réagir plus rapidement. »Des spécialistes entendus par les juges ont constaté une série de fautes techniques commises sur le chantier. Par exemple, le pont en rénovation aurait été surchargé et les poutres utilisées étaient plus faibles que celles prévues dans le projet, sans que ce changement n’ait été mentionné dans les dossiers du chantier. Naděžda Tomčíková remarque :
« Pendant deux jours, j’ai assisté au procès. J’y ai rencontré certains voyageurs du train. Mais la majorité d’entre eux n’a pas fait le déplacement et je les comprends. Ils aimeraient voir l’affaire se terminer, voir que les coupables ont en effet été punis. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. D’après ce que nous avons entendu, c’est plutôt un combat de juristes. Personne ne se sent coupable. »
Le verdict du tribunal d’Ostrava dans l’affaire Studénka devrait tomber à l’automne.