Trois bâtiments du château de Prague de nouveau entre les mains de l’Eglise catholique
Trois bâtiments du Château de Prague, le couvent Saint-Georges, les maisons néogothiques Mocker et l’Eglise de Tous-les-Saints, ont été rendus à l’Eglise catholique dans le cadre des restitutions des biens confisqués par le régime communiste. C’est ce qui résulte de l’accord final signé vendredi dernier par les représentants du Château et de l’Eglise en présence du président Miloš Zeman et de l’archevêque de Prague Dominik Duka. Par cette signature, l’Eglise s’engage en même temps à rénover les biens qu’elle récupère et à renoncer aux prétentions sur d’autres bâtiments dans le complexe du Château.
La forme de l’accord a néanmoins également ses opposants. Il y a déjà plusieurs mois, le cardinal Miloslav Vlk a indiqué qu’il considérait les conditions du mémorandum « anticonstitutionnelles », car la loi selon lui ne prévoit aucune condition à ces restitutions. Le projet est également la cible des critiques du Parti communiste, pour qui le Château de Prague « devrait appartenir à tout le monde, donc à l’Etat ».
Quand les rénovations exigées auront été réalisées, l’Eglise souhaite, entre autres, créer un musée consacré au patrimoine religieux dans les bâtiments qui lui reviennent. Dominik Duka :« Nous voulons ouvrir les bâtiments qui nous sont rendus à un large public. Je serais personnellement content de voir le Château de Prague devenir une destination pour les promenades familiales du dimanche encore plus populaire. »
La loi sur la restitution des biens confisqués aux Eglises par l’Etat entre les années 1948 et 1989, sous le régime communiste, est entrée en vigueur le 1er janvier 2013 et prévoit de rendre des biens à seize institutions représentant différentes religions. Pendant la première année de son application, les Eglises ont présenté au total plus de 5000 demandes. Selon un rapport qui sera discuté par le gouvernement ce mercredi, il restait à en régler près d’un dixième à la fin de l’année dernière, soit exactement 511.
Les restitutions font également l’objet de nombreuses plaintes auprès de la justice tchèque. Les biens en question sont le plus souvent ceux qui ont été illégalement transférés de l’Etat à un autre propriétaire, le plus souvent des municipalités.Outre les biens immobiliers, les demandes de restitutions concernent également des terrains et des œuvres d’art. Ce lundi, un précieux tableau gothique datant du XIVe siècle, « La Madone de Veveří », a ainsi été rendu à la paroisse de Veverská Bítýška, près de Brno en Moravie, par la Galerie nationale à Prague. Ce tableau, qui sera désormais exposé dans le Musée diocésain de Brno, a fait l’objet d’une procédure juridique entre l’Eglise et la Galerie nationale qui prétendait être propriétaire du tableau déjà avant l’arrivée des communistes. Le verdict, qui a reconnu le droit de l’Eglise à récupérer le tableau, constitue le premier du genre concernant une œuvre d’art.