Trois bâtiments du château de Prague de nouveau entre les mains de l’Eglise catholique

Château de Prague, photo : Filip Jandourek, ČRo

Trois bâtiments du Château de Prague, le couvent Saint-Georges, les maisons néogothiques Mocker et l’Eglise de Tous-les-Saints, ont été rendus à l’Eglise catholique dans le cadre des restitutions des biens confisqués par le régime communiste. C’est ce qui résulte de l’accord final signé vendredi dernier par les représentants du Château et de l’Eglise en présence du président Miloš Zeman et de l’archevêque de Prague Dominik Duka. Par cette signature, l’Eglise s’engage en même temps à rénover les biens qu’elle récupère et à renoncer aux prétentions sur d’autres bâtiments dans le complexe du Château.

Château de Prague,  photo : Filip Jandourek,  ČRo
La signature de cet accord final sur la restitution de certains biens du Château de Prague à l’Eglise catholique met fin, après de longues années, aux litiges entre les deux institutions. Depuis les années 1990, l’Eglise revendiquait une dizaine de bâtiments dans le complexe du château, dont également une maison dans la Ruelle d’or, la basilique Saint-Georges ou même la Cathédrale Saint-Guy. Les débats ont été particulièrement houleux pour cette dernière mais la situation a finalement été résolue dès 2010, par un accord signé par l’archevêque Dominik Duka et le président Václav Klaus, portant sur l’administration conjointe de la cathédrale par l’Église et l’État.

Dominik Duka et Miloš Zeman,  photo : ČTK
Enfin en juillet dernier, un mémorandum, déjà signé par le président Miloš Zeman et par l’archevêque Duka, prévoyait la restitution de deux bâtiments, le couvent Saint-Georges et les maisons néogothiques Mocker, sous deux conditions : l’Eglise devait s’engager à restaurer dans les cinq ans ces deux monuments et à renoncer à ses prétentions sur d’autres édifices dans le complexe du Château de Prague. Si la signature de l’accord final était prévue pour janvier dernier, les négociations se sont finalement prolongées de plus d’un mois. Ce n’est donc que vendredi dernier que l’accord a été adopté dans des termes presque identiques à ceux convenus dans le mémorandum. En plus des arrangements préalables, un troisième bâtiment, l’Eglise de Tous-les-Saints, redeviendra également la propriété de l’Eglise catholique. De plus, comme c’est déjà le cas pour la Cathédrale Saint-Guy, la basilique Saint-Georges, la deuxième plus vieille église de Prague, sera administrée conjointement. A l’occasion de cette signature, l’archevêque Dominik Duka a déclaré :

Miloslav Vlk,  photo: Barbora Kmentová
« Je considère la signature de cet accord comme un point final dans l’accomplissement de la loi sur la restitution des biens aux Eglises, dans l’introduction de laquelle il est indiqué la volonté de limiter les conséquences des torts commis par le régime communiste. L’Eglise ne désire pas posséder une fortune, elle ne revendique pas les propriétés qui ne serviraient pas à ses fins. Ce règlement des demandes de restitution s’avère donc pour l’Etat bien plus avantageux que celui défini par la loi sur la restitution des biens. »

La forme de l’accord a néanmoins également ses opposants. Il y a déjà plusieurs mois, le cardinal Miloslav Vlk a indiqué qu’il considérait les conditions du mémorandum « anticonstitutionnelles », car la loi selon lui ne prévoit aucune condition à ces restitutions. Le projet est également la cible des critiques du Parti communiste, pour qui le Château de Prague « devrait appartenir à tout le monde, donc à l’Etat ».

Photo : World of Oddy,  CC BY-NC-SA 2.0
Quand les rénovations exigées auront été réalisées, l’Eglise souhaite, entre autres, créer un musée consacré au patrimoine religieux dans les bâtiments qui lui reviennent. Dominik Duka :

« Nous voulons ouvrir les bâtiments qui nous sont rendus à un large public. Je serais personnellement content de voir le Château de Prague devenir une destination pour les promenades familiales du dimanche encore plus populaire. »

La loi sur la restitution des biens confisqués aux Eglises par l’Etat entre les années 1948 et 1989, sous le régime communiste, est entrée en vigueur le 1er janvier 2013 et prévoit de rendre des biens à seize institutions représentant différentes religions. Pendant la première année de son application, les Eglises ont présenté au total plus de 5000 demandes. Selon un rapport qui sera discuté par le gouvernement ce mercredi, il restait à en régler près d’un dixième à la fin de l’année dernière, soit exactement 511.

La Madone de Veveří,  photo : Kristýna Maková
Les restitutions font également l’objet de nombreuses plaintes auprès de la justice tchèque. Les biens en question sont le plus souvent ceux qui ont été illégalement transférés de l’Etat à un autre propriétaire, le plus souvent des municipalités.

Outre les biens immobiliers, les demandes de restitutions concernent également des terrains et des œuvres d’art. Ce lundi, un précieux tableau gothique datant du XIVe siècle, « La Madone de Veveří », a ainsi été rendu à la paroisse de Veverská Bítýška, près de Brno en Moravie, par la Galerie nationale à Prague. Ce tableau, qui sera désormais exposé dans le Musée diocésain de Brno, a fait l’objet d’une procédure juridique entre l’Eglise et la Galerie nationale qui prétendait être propriétaire du tableau déjà avant l’arrivée des communistes. Le verdict, qui a reconnu le droit de l’Eglise à récupérer le tableau, constitue le premier du genre concernant une œuvre d’art.