Une nouvelle application permet de découvrir les sous-sols inaccessibles et anciens du Château de Prague

Château de Prague

D’ordinaire inaccessibles au grand public en raison de leur fragilité, cinq sites archéologiques majeurs situés dans les sous-sols du Château de Prague sont désormais visitables par tout un chacun grâce à une application mobile. Il aura fallu quatre ans de travail aux scientifiques de l’Institut archéologique de l’Académie des Sciences.

Avec 2,19 millions d’entrées, le Château de Prague était toujours le site le plus visité en Tchéquie en 2023, selon les données publiées en juin dernier par l’agence CzechTourism. Le siège de la présidence de la République, qui a enregistré une hausse de fréquentation interannuelle de 54 %, devance ainsi les deux autres attractions touristiques pragoises que sont le funiculaire de Petřín et le zoo. Cet ensemble monumental qui domine la capitale tchèque fascine par sa juxtaposition de bâtiments de toutes les époques et de tous les styles, depuis l’époque romane jusqu’au XXe siècle.

Les fouilles archéologiques effecutées sur la Troisième cour dans les années 1920 | Photo: Archives du Château de Prague/Institut archéologique de l’Académie des sciences

Les fouilles archéologiques effecutées sur le site de manière continue depuis 150 ans ont permis de révéler l’évolution du Château à travers les âges, mais aussi de mettre au jour les vestiges les plus anciens. Certains remontent même jusqu’au IXe siècle. Qui pourrait se douter que sous le sol de la Troisième cour se trouvent 2000 m2 de fragments d’édifices du Haut Moyen Age ? C’est ce que permet de découvrir l’application mobile développée par l’Institut archéologique de l’Académie des Sciences, en collaboration avec l’administration du Château de Prague, sous la houlette de l’archéologue Jana Maříková-Kubková :

Jana Maříková-Kubková | Photo: Dominika Bernáthová,  Radio Prague Int.

« Il faut savoir qu’avec cette application on ne visite pas uniquement les sites archéologiques, mais grâce à une frise chronologique, on peut découvrir quelles ont été les différentes étapes de construction des bâtiments. C’est très intéressant car spontanément, on ne peut pas nécessairement imaginer à quoi pouvaient ressembler les édifices dont il ne reste que des vestiges sous forme de murs bas. Il faut imaginer que sous un bon tiers, voire la moitié de la Troisième cour se trouve un vide, un creux, et en-dessous, des vestiges de fortifications romanes, et même de fortifications en bois encore plus anciennes, des vestiges de maisons romanes, gothiques, ainsi que ceux d’une église romane entière. »

L’application couvre les cinq sites archéologiques les plus importants | Source: Académie des Sciences

L’application couvre les cinq sites archéologiques les plus importants : la chapelle de la Vierge Marie, la Troisième cour donc, la crypte de la cathédrale Saint-Guy et le monastère et la basilique Saint-Georges. Les visiteurs intéressés peuvent ainsi explorer plus en détail ce que cachent les sous-sols de ces lieux qu’ils ne pourront probablement jamais voir physiquement en raison de leur extrême fragilité :

Vestiges d'une structure en bois d'une ancienne fortification médiévale du Xe siècle sous de la Troisième cour | Photo: Martin Frouz,  Institut archéologique de l’Académie des sciences

« Je dois dire que j’espère que ces espaces resteront inaccessibles. Il faut bien se rendre compte que tout ce patrimoine a longtemps été en plein air, puis s’est retrouvé en sous-sol. Puis les archéologues l’ont progressivement mis au jour au cours du siècle écoulé. Tous ces vestiges sont donc sensibles aux changements de climat, d’atmosphère, notamment ceux en bois qui datent du Haut Moyen Age. Toute présence humaine répétée s’avère dangereuse pour ces vestiges qui sont également ultra-sensibles aux champignons et autres moisissures. Il est donc très difficile de protéger ce qui reste de ces monuments. Nous avons voulu les rendre accessibles à tout un chacun, mais sans qu’ils soient menacés par les visites de masse. D’où l’application mobile que nous venons de lancer. »

L’application est basée sur des scans en 3D de l’état actuel, qui sont complétés par des informations les bâtiments et l’histoire des fouilles effectuées.

L’application couvre les cinq sites archéologiques les plus importants | Source: Académie des Sciences

« Je pense que l’application est vraiment facile d’utilisation. Un enfant, un étudiant et même un senior peuvent l’utiliser sans problème. A l’avenir nous souhaiterions créer une application encore plus importante pour le Château de Prague depuis les temps préhistoriques jusqu’à la moitié du XVIe siècle. Elle retracerait l’évolution architecturale du site avec l’idée de s’adresser aux jeunes visiteurs, notamment les adolescents et les étudiants. Elle serait plus encore plus développée et détaillée que celle que nous venons de sortir qui concerne exclusivement les résultats des fouilles archéologiques. »

L’application couvre les cinq sites archéologiques les plus importants | Source: Académie des Sciences

L’application est actuellement disponible sur Android en tchèque, anglais et allemand, et très prochainement également sur App Store.

Preuve de la grande variété d’époques architecturales du site du Château de Prague, mais aussi de la richesse des vestiges archéologiques que les scientifiques ne cessent d’y mettre au jour, deux trouvailles insolites réalisées sur les lieux : des os de mammouth, et même la dépouille d’un guerrier identifié comme un Viking ont été retrouvés. Si on désigne souvent – et à juste titre – le site comme un lieu de pouvoir, temporel et ecclésiastique, les fouilles montrent toutefois la multiplicité des fonctions du lieu, ainsi qu’une occupation humaine établie sans discontinuer depuis les âges les plus anciens.

Auteur: Anna Kubišta | Source: Česká televize
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