Twirling bâton : une Tchèque aux multiples médailles
Le twirling bâton, sport encore méconnu du grand public, tente pourtant de se faire une place sur la scène sportive, avec pour objectif une reconnaissance aux Jeux olympiques dès que possible. Alliant plusieurs disciplines artistiques, le championnat du monde de la WBTF (World Baton Twirling Federation) s’est disputé à Turin, en Italie, du 3 au 7 août,
Le championnat du monde de twirling bâton, qui a lieu tous les deux ans, voit les meilleurs athlètes du monde s’affronter dans différentes catégories. Il y a d’abord les catégories d’âges, youth, junior et senior puis solo, duo et équipe. Eva Beranová, une jeune athlète tchèque multi médaillée de 18 ans, s’est classée 17ème en solo junior. Elle nous présente son sport, qu’elle a commencé en maternelle :
« Le twirling bâton est une combinaison de danse, danse classique et gymnastique avec un bâton en métal. Il y a différentes catégories dans lesquelles nous pouvons concourir. On compte cinq disciplines en solo, deux ou trois en duo, et les équipes. »
Eva a commencé les compétitions internationales en 2014, avec le championnat d’Europe NBTA. NBTA (National Baton Twirling Association) est une seconde fédération, avec la WBTF, mais les deux fédérations vont fusionner en 2023 pour rassembler tous les athlètes et répondre aux critères nécessaires pour poser une candidature officielle de participation aux J.O. Pour l’instant, Eva Beranová participe aux compétitions des deux fédérations et nous présente la dernière à laquelle elle a concouru :
« C’était le championnat du monde WBTF, qui propose trois disciplines. L’une d’elle est freestyle, divisée en deux épreuves, les imposés et un solo freestyle. Les imposés comptent pour 25% de la note finale et c’est un enchaînement de huit petites chorégraphies que chaque athlète doit réaliser. Ils sont notés en fonction d’une grille technique sur 10. Ensuite, il y a le freestyle, où la musique est au libre choix et chaque athlète a une chorégraphie unique. Enfin, il y a les duos et les équipes. »
Eva a donc participé en solo freestyle junior. Sport artistique, le twirling bâton permet de faire passer des messages dans les chorégraphies. Eva Beranová nous explique son processus de création de l’enchaînement qu’elle a présenté la semaine dernière :
« J’ai créé cette chorégraphie moi-même. J’ai choisi la musique pour refléter mon histoire et ma vie. Cela parle de santé mentale et de prévention autour de ce thème, car je pense que la période du Covid-19 a été difficile pour tout le monde. Je voulais juste faire passer le message que ce n’est pas grave de ne pas aller bien et qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide. »
La twirleuse a fini 17ème au classement final sur 27 participantes dans sa catégorie. Pour Eva Beranová, qui s’entraine au club Pomněnky de Kosmonosy, le plus important n’était pas le résultat, mais l’expérience :
« Je n’avais pas vraiment d’attente. Pour moi c’était plus pour l’expérience que pour le résultat en lui-même. Mais je me suis vraiment amusée en réalisant ma chorégraphie et en faisant tout simplement ce que j’aime. J’ai vraiment été satisfaite du résultat final car j’ai fini 15ème en freestyle mais les imposés qui m’ont un peu fait redescendre au classement final. Le plus important est que j’ai fait le freestyle de la manière que je le souhaitais donc je suis globalement très satisfaite de ma compétition. »
Eva Beranová représente avec brio la République tchèque. Cet été, en plus d’avoir été sélectionné et d’avoir participé au championnat du monde, Eva est aussi vainqueur de la coupe d’Europe 2022 qui a eu lieu à Blanes, en Espagne, au mois de juillet en solo junior élite 2 et 3 bâtons. Les compétitions de 1, 2 et 3 bâtons sont différentes des compétitions freestyles. Ici, la musique est imposée, et les participants ne disposent que d’un praticable d’environ 5 m sur 5. L’objectif est que le ou les bâtons ne s’arrêtent jamais de tourner. Il n’y a donc pas beaucoup d’artistique dans ces catégories, au contraire du freestyle qui dispose d’un praticable plus grand qu’un terrain de basket et où le but est de véritablement lier la danse et la gymnastique. Traditionnellement, la République tchèque excelle dans les disciplines très techniques des 1, 2 ou 3 bâtons, alors que la France est très connue pour accentuer le travail du corps en freestyle. Eva Beranová :
« Il y a des différences entre le style de twirling français et le style tchèque. Je dirais que le français est plus développé et fluide, mais aussi très différent dans le détail et dans les thèmes utilisés dans les freestyles par exemple. En République tchèque, nous sommes encore en cours de développement, donc nous avons moins d’expérience dans la fédération WBTF. Je dirais donc que les deux styles sont très différents, avec un style français très détaillé et précis sur le mouvement du corps alors que le style tchèque se concentre plus sur la technique du bâton. Donc oui, au final, les deux sont très différents mais nous verrons comment nous nous développerons à l’avenir. »
La fédération de twirling tchèque, appelée Svaz Mažoretek a Twirlingu České republiky, compte 42 clubs dans tout le pays et plus de 2 000 athlètes inscrits. Eva Beranová, pour qui la saison reprend dès septembre avec le championnat tchèque, a déjà hâte de reprendre pour continuer de faire ce qu’elle aime :
« Mon objectif pour l’avenir est sans aucun doute de progresser en tant qu’athlète, mais aussi en tant que coach. Je voudrais aussi aider à la diffusion du sport et j’espère pouvoir continuer de représenter la République tchèque aussi longtemps que je peux. »