Ukraine : 1 000 jours de guerre qui ont aussi été 1 000 jours de solidarité tchèque
Depuis le lancement de la grande offensive russe en février 2022, la guerre en Ukraine en était, ce mardi 19 novembre, à son millième jour. 1 000 jours durant lesquels la Tchéquie, qui a accueilli plusieurs centaines de milliers de réfugiés tout en s’efforçant d’aider Kiyv dans la mesure maximale de ses possibilités, n’a jamais cessé d’exprimer son soutien au pays agressé.
Comme l’a montré, dans une certaine mesure, la manifestation qui s’est tenue dimanche 17 novembre devant le Musée national, entre autres pour protester contre le fait qu’un drapeau jaune et bleu continue de flotter sur le bâtiment qui domine la place Venceslas, le soutien à l’Ukraine ne fait plus totalement l’unanimité en Tchéquie. Mais bien que très médiatisée, notamment parce qu’elle s’est tenue le jour du 35e anniversaire de la révolution de Velours, la manifestation, qui était organisée par une figure bien connue de la scène de désinformation, n’en a pas moins rassemblé que quelques centaines de personnes.
Et si, à en croire les sondages, le soutien des Tchèques tend à s’affaiblir au fil des jours, des semaines et des mois de guerre qui passent, avec un nombre croissant de ceux considérant qu’ils ont « déjà assez de problèmes comme ça » pour ne pas avoir à s’occuper de ceux des autres, la réalité est aussi que, un peu plus de deux ans et demi après le début de la guerre, la majorité d’entre eux continuent de considérer d’un bon œil l’accueil des réfugiés et l’aide maximale, dans la mesure de ses possibilités, que leur pays, la Tchéquie, s’efforce d’apporter à l’Ukraine pour que celle-ci puisse défendre son indépendance et son intégrité territoriale.
Car s’il y a bien une chose qui n’a pas changé depuis le premier de ces 1 000 jours de conflit, c’est la solidarité indéfectible de Prague avec Kiyv. Du président de la République au Premier ministre en passant par le chef de la diplomatie, les ministres de la Défense, des affaires européennes, de l’Intérieur, de l’Économie ou encore les présidents des deux chambres du Parlement, pour ce qui est du soutien tout à la fois politique, diplomatique, humanitaire, militaire ou encore économique à l’Ukraine et du rejet de l’expansionnisme russe, la Tchéquie s’est toujours exprimée d’une seule et même voix. Et son optique n’a pas évolué d’un iota depuis le lancement de l’offensive russe le 24 février 2022.
Ainsi, en ce début de semaine, c’est sans aucune surprise que le ministre des Affaires étrangères - un Jan Lipavský dont on aurait parfois presque tendance à penser qu’il a fait de l’Ukraine son principal cheval de bataille - a exprimé sa satisfaction après l’annonce faite par les États-Unis d’autoriser l’armée ukrainienne à utiliser des missiles américains à longue portée pour frapper des objectifs sur le territoire russe, concrètement dans la région de Koursk :
« C’est bien évidemment une bonne nouvelle, car cela permettra à l’Ukraine de mieux se défendre contre les attaques répétées en provenance de la Russie. Nous avons été les témoins durant le week-end passé de l’une des plus grandes attaques aériennes de ces derniers mois, c’est donc une bonne décision et je suis heureux que les États-Unis l’aient prise. Par ailleurs, cette attaque massive a confirmé que l’appel téléphonique d’Olaf Scholz à Vladimir Poutine n’avait absolument rien apporté. »
Ce mardi, le ministère de la Défense a également informé que depuis le début du conflit, la Tchéquie avait envoyé pour 7,3 milliards de couronnes (un peu plus de 290 millions d’euros) de matériel militaire en provenance des stocks de l’armée. Surtout, et même si l’on a parfois pu se poser quelques questions sur la réelle capacité à mettre en œuvre les grandes annonces faites par les dirigeants tchèques à son lancement, ce qui est désormais communément appelé « l’initiative tchèque » a permis, en coopération notamment avec le Danemark et les Pays-Bas, de fournir quelque 500 000 obus à l’Ukraine pour l’aider à pallier l’importante pénurie de munitions à laquelle elle est confrontée face aux troupes russes sur tout le front de bataille.
Une guerre qui, avec ses réfugiés, a aussi transformé la société tchèque
Mais au-delà de cette aide militaire et matérielle envoyée sur le terrain, dont les entreprises tchèques continuent de profiter très largement (le volume des exportations tchèques vers l’Ukraine a augmenté de plus de 40 % en 2023), ces 1 000 jours de guerre auront également transformé en profondeur, déjà, la société tchèque. Les plus de 20 milliards de couronnes que les autorités indiquent avoir versé sous forme d’allocations aux réfugiés depuis leur arrivée importeraient même finalement assez peu, si cette aide humanitaire ne dérangeait pas tant aujourd'hui une partie de la population.
Partout ou presque où l’on se promène désormais à Prague, dans ses environs ou en province, dans les écoles, dans les transports ou dans les entreprises, le constat saute aux yeux et aux oreilles : ces centaines de milliers de personnes accueillies dans l'urgence, majoritairement femmes et enfants, font désormais partie intégrante du paysage quotidien en Tchéquie. Et à n’en pas douter, à plus ou moins long terme, nombre d’entre elles deviendront tchèques à leur tour.