Mieux maîtriser le tchèque : une priorité pour les réfugiés ukrainiens comme pour les autorités tchèques

Klára Šimáčková Laurenčíková

Tant en chiffres absolus que proportiellement à sa population, la République tchèque a été l’un des principaux pays cibles des réfugiés ukrainiens. Mais alors que beaucoup d’entre eux resteront au moins une année supplémentaire, l’État entend mettre davantage de moyens en œuvre pour faciliter et accélérer leur intégration dans leur pays d’accueil. Si l’accès à l’emploi et au logement sont deux des grandes priorités, l’apprentissage de la langue tchèque, surtout pour les travailleurs, constitue un autre défi de taille aux enjeux multiples.

On l’a dit et redit : depuis le début de l’agression russe il y a un peu plus d’un an, tant le gouvernement que la société civile tchèques ont fait preuve - et continuent de faire preuve - d’une immense générosité avec les centaines de milliers de réfugiés ukrainiens qui sont arrivées dans le pays. La République tchèque montre ainsi un visage qu’on ne lui connaissait pas, et dont on ne la soupçonnait pas même capable de montrer après la crise migratoire de 2015.

Photo illustrative: René Volfík,  ČRo

Un accueil que la majorité de ces nouveaux arrivants qui ont fui la guerre apprécient à sa juste valeur puisqu’ils sont nombreux à souhaiter rester en République tchèque, ne serait-ce qu’en attendant la fin des combats. Ainsi, selon les données du ministère de l’Intérieur, près de 300 000 d’entre eux ont d’ores et déjà formulé une demande de prolongation de leur visa de protection temporaire jusqu’en mars 2024.

Avec l’emploi, le logement ou encore la scolarisation des enfants, l’apprentissage du tchèque fait partie des nombreux défis que suppose l’accueil de cette nouvelle population. C’est d’ailleurs pour améliorer celui-ci que Klára Šimáčková Laurenčíková, qui était déjà chargée des droits de l’homme au sein du gouvernement, a été nommée coordinatrice nationale pour l’adaptation et l’intégration des réfugiés de la guerre en Ukraine en février dernier. Et selon elle, il est devenu absolument nécessaire d’étendre l’offre de cours de tchèque. Des cours que les Ukrainiens pourraient suivre, par exemple, pendant leurs heures de travail :

« Le ministère du Travail et des Affaires sociales a mis sur pied un programme spécial qui permettra d’indemniser les employeurs pour le temps passé par leurs employés à suivre une formation linguistique pendant les heures de travail. Ce programme est en cours de mise en œuvre. Le ministère s’efforce d’accroître l’intérêt des entreprises pour ce programme, pour ce soutien financier, et c’est un point sur lequel nous continuerons à coopérer de manière intensive. »

Photo illustrative: René Volfík,  iROZHLAS.cz

Un nouveau personnel en mesure de communiquer de manière ciblée avec les ressortissants ukrainiens sera également prochainement à pied d’œuvre dans les agences pour l’emploi les plus sollicitées. L’objectif sera d’informer les demandeurs d’emploi de la possibilité de suivre des cours de langue, de manière à augmenter leurs chances de trouver une position répondant à leur spécialisation et à leur degré de qualification. Une coopération avec des agences de cours de langues privées est également envisagée. Une chose est acquise depuis déjà quelques mois : sans une meilleure maîtrise du tchèque, l’intégration des Ukrainiens sur le marché du travail restera forcément limitée. Or, nombreuses sont les entreprises mais aussi des secteurs d’activité comme la santé à être bien conscients qu’il serait dommage de se priver d’une main-d’œuvre qualifiée. Mais comme l’explique aussi encore Klára Šimáčková Laurenčíková, elle-même enseignante spécialisée de formation, les Ukrainiens eux-mêmes doivent apprendre à mieux s’orienter sur le marché du travail tchèque :

Klára Šimáčková Laurenčíková | Photo:  René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Nous voulons améliorer progressivement leur degré d’information.Il faut qu’il soient en mesure de reconnaître un employeur sérieux de quelqu’un qui présente le risque de les placer dans une position de subordination ou de dépendance, dans certaines conditions d’exploitation sociale. Il faut également sensibiliser les nouveaux arrivants, en particulier les groupes vulnérables qui ont souvent plus de difficultés à s’informer. Il convient donc de faire en sorte que cette communication soit ciblée, afin que tout le monde puisse accéder aux informations clés, et pas seulement ceux qui savent se servir des technologies. »

Au-delà de leur place sur le marché du travail et des risques d’exploitation sociale, les données disponibles montrent également qu’un pourcentage relativement élevé de nouveaux arrivants en provenance d’Ukraine, qui sont très majoritairement des femmes accompagnées de leurs enfants, souffrent de problèmes psychiques, dépression et anxiété en premier lieu. Et ici aussi, la barrière de la langue, qui en tant que telle est déjà un facteur de stress et d’inconfort dans la vie quotidienne, empêche encore souvent une meilleure prise en charge de ces personnes. Mieux comprendre et mieux parler le tchèque les aidera donc, là aussi, à mieux se sentir dans leur nouvelle vie en République tchèque.

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