Un cimetière juif dévasté par les skinheads

Armes de Uhrineves

Les skinheads tchèques font de nouveau parler d'eux. La police a identifié le groupe qui avait dévasté un cimetière juif à Uhrineves près de Prague. Une information d'Alena Gebertova.

Armes de Uhrineves
Une cinquantaine de tombes saccagées, tel est le résultat des ravages de sept sympathisants du mouvement skinhead qui avaient pris pour cible un cimetière juif. Les dommages causés se situent autour de 180 000 couronnes. Ce forfait remonte à l'automne dernier et c'est maintenant que la police a pu, enfin, identifier les coupables. Il s'agit de jeunes, voire très jeunes personnes, entre quatorze et seize ans. La législation tchèque veut que deux d'entre elles seulement, qui ont seize ans, puissent être traduites en justice. Elles seront inculpées d'anoblissement de la nation et de la race, d'incitation à la haine nationale et raciale.

Un phénomène rare : les jeunes skinheads ont réalisé un enregistrement vidéo de leur acte violent, pour impressionner leurs copains skinheads plus âgés et se faire accepter par eux. Ceci a bien sûr facilité la tâche de la police. Une partie de cet enregistrement a été présentée, lundi soir, sur le petit écran. Les téléspectateurs ont pu alors voir un groupe d'adolescents en train de chanter « ne vous pressez pas, les Juifs, on a assez de gaz » ou de clamer « Juden mord, Sieg heil, Mort aux Juifs « . Les saluts nazis, bien sûr, ne manquaient pas.

Si le public tchèque est surpris par l'agressivité et l'âge très bas des délinquants, les politologues, eux, ne le sont guère. Zdenek Zboril de l'Université Charles explique : Une nouvelle génération de skinheads nazis est apparue en Bohême, il y a un an environ. Ils se réunissent surtout à des concerts. Ce qui surprend, c'est qu'il y a parmi eux beaucoup plus de jeunes filles qu'auparavant.

Les excès antisémites sont-ils fréquents, en République tchèque ? Tomas Jelinek, président de la Congrégation juive, estime que oui. Mais ce n'est pas étonnant, dit-il, car, à en croire les sondages, un tiers de la jeune population en Tchéquie sympathiserait avec les mouvements racistes.