Un dictionnaire et un livre de recettes pour promouvoir le romani
Seul un Rom sur trois en République tchèque parle le romani, selon différentes études sociolinguistiques. Fils de l’écrivain tzigane Ladislav Husák, Michal Husák a décidé de lutter contre cette réalité en lançant deux projets originaux : un dictionnaire en ligne et un livre de recettes qui doivent permettre de promouvoir la langue et la culture de cette minorité qui compte plus de 200 000 personnes.
Il existe plusieurs dizaines de recettes traditionnelles tziganes, qui possèdent même parfois plusieurs variantes locales. Afin de présenter ces plats sous différents angles, Michal Husák entend donc faire participer au projet différentes personnes de toutes les régions de la République tchèque, ainsi que de Slovaquie. Les recettes seront également accompagnées de photos. Quels plats sera-il possible de préparer à l’aide de ce livre ?
« Un des plats tziganes typiques est par exemple ‘goja’ : des boyaux de porc rôtis avec une farce à base de pommes de terre et d’épices. Traditionnellement, il s’agissait de farine, de sel et de poivre mais il est aujourd’hui possible d’y ajouter d’autres ingrédients. Les ‘holubky’, des roulades de chou, ou une soupe aux haricots appelée ‘pišot’ sont d’autres repas délicieux. »Afin de pouvoir réaliser ce livre de recettes tziganes, Michal Husák a lancé récemment une campagne de financement participatif sur le site hithit.cz. Si tout va bien, le livre sera publié à la fin de cette année.
La cuisine n’est pas le seul moyen par lequel Michal Husák s’efforce de promouvoir la culture tzigane. Un autre projet, pas moins intéressant, est en cours de préparation : un dictionnaire bilingue en ligne qui permettra de traduire du tchèque au romani. Ce dispositif, davantage conçu comme un logiciel de traduction, permettra à ses utilisateurs de chercher des mots ou des phrases entières, d’apprendre la grammaire ou de lire des textes littéraires et d’écouter des chansons tziganes. Michal Husák explique ce qui l’a motivé à se lancer dans cette aventure :
« La langue romani est une des rares choses que les Roms ont conservées. Aujourd’hui, nous sommes dispersés dans le monde entier et il n’existe rien de spécial qui nous relie les uns aux autres, à l’exception de la langue. Nous n’habitons pas un endroit commun, nous ne possédons pas de ‘drapeau tzigane’… C’est le romani qui permet d'identifier les Roms. La langue est d’ailleurs un signe distinctif de chaque culture. Et si la langue disparaît, la culture, elle aussi, disparaîtra. Il est donc très important de maintenir la langue bien vivante. Le problème du romani est qu’il s’efface au fur et à mesure. Les gens n’ont pas la volonté de l’étudier. Les raisons en sont différentes, un rôle crucial joue la pression exercée par l’entourage des personnes concernées. Parfois, les parents pensent que les enfants qui apprennent le romani auront des difficultés à l’école, car ils ne sauront pas parler tchèque. Cet argument me semble insensé, car les enfants sont capables d’apprendre plusieurs langues. »Les Roms ne sont pas les seuls concernés par cette nouveauté. Le dictionnaire pourra servir également aux étudiants de romani, une langue qui est actuellement enseignée dans plusieurs universités tchèques. La réalisation du projet, qui, faute de moyens, n’en est pour l’instant encore qu’au tout début, se déroulera en coopération avec différents linguistes et académiciens tchèques.
http://www.romskyslovnik.cz/
http://www.romskakucharka.cz/
https://www.hithit.com/en/project/3501/romska-kucharka