Un nouveau site Internet pour lutter contre l’alcoolisme
Plus de 1,5 million de Tchèques ont un comportement risqué avec l’alcool, responsable de 6 500 décès par an en République tchèque. En pleine période de vacances, saison particulièrement propice à la consommation de boissons alcoolisées, le gouvernement a lancé un site Internet destiné à aider les personnes dépendantes, leur entourage, ainsi que toutes les victimes potentielles d’une consommation excessive d’alcool.
Viktor Mravčík du Centre national de surveillance pour les drogues et les dépendances explique :
« Sur ces pages web, les gens peuvent tester leur degré d’addiction. Nous leur proposons des calculatrices qui leur permettent d’évaluer le taux d’alcool dans le sang ou les sommes d’argent qu’ils dépensent en boissons alcoolisées. La population tchèque demeure très mal informée à propos des risques liés à l’alcool. Des lacunes au niveau de la prévention restent importantes. »
Pour cela, le Centre national de surveillance pour les drogues et les dépendances envisage la création, en lien avec son nouveau site, d’une ligne téléphonique d’aide et d’information sur l’alcool. Il est grand temps : selon les chiffres publiés en 2016 par l’OCDE, la République tchèque enregistre une consommation de 12 litres d’alcool pur par personne et par an, au même niveau que la France. Seule la Lettonie fait pire. L’alcoolisme touche aussi de plus en plus fréquemment les mineurs. Les médecins addictologues font état d’un nombre croissant d’enfants des écoles primaires et des collèges qui se trouvent en état d’ivresse au moins une fois par mois.Depuis longtemps, les spécialistes se plaignent de la passivité des autorités. Le ministre de la Santé, Adam Vojtěch (ANO), reprend le discours de ses prédécesseurs :
« Le ministère de la Santé devrait, effectivement, prendre des mesures visant à réduire la consommation d’alcool dans la société. Nous devrions limiter la publicité pour les boissons alcoolisées et peut-être aussi lancer un débat sur l’augmentation des taxes sur l’alcool. »
Même si les Tchèques se rangent parmi les plus grands buveurs en Europe, le fléau de l’alcoolisme est un problème qui trouve un écho au sein de la société : le nouveau film tchèque Úsměvy smutných mužů (Les Hommes tristes qui rient), dont l’action se passe dans un hôpital psychiatrique au milieu des alcooliques qui suivent un traitement, bat des records de fréquentation. Le film est inspiré d’un livre autobiographique de l’écrivain Josef Formánek, lequel explique :« Chez moi, la dépendance à l’alcool est venue progressivement, timidement. Cela a été un long processus et j’ai mis des années à me rendre compte que j’étais alcoolique. Aujourd’hui, après avoir terminé le traitement, je demeure effrayé par l’accessibilité de l’alcool dans notre société. Pourtant, ses impacts sur la santé sont aussi importants que celles de la consommation d’héroïne par exemple. »