Un prix pour le réalisateur Jiri Krejcik
Un prix pour le réalisateur Jiri Krejcik Le cinéaste tchèque, Jiri Krejcik (82 ans), s'est vu décerner le prix Vox humana. Vaclav Richter retrace la carrière de cet homme qui pourrait être surnommé "le réalisateur en colère".
C'est en 1947 que Jiri Krejcik a réalisé son premier film. Il a traduit dans le langage cinématographique le conte de Jan Neruda "Une semaine dans la maison silencieuse". Cette tentative de ressusciter la Prague du 19ème siècle lui a permis de mettre en valeur son talent de diriger les acteurs et de captiver les spectateurs. Dans le film "La moralité de Mme Dulska", basée sur une pièce de théâtre de Gabriela Zapolska, il a donné une satire corrosive de l'hypocrisie bourgeoise et a offert un rôle irrésistible à une des meilleures comédiennes du Théâtre national, Zdenka Baldova. Mais c'était "Le principe supérieur" de 1960, film basé sur un conte de Jan Drda, relatant un événement de l'occupation allemande, qui lui a valu la reconnaissance du public et le respect de la critique. Par la suite, il a réalisé plusieurs films satiriques qui ont permis à quelques comédiens et comédiennes de talent de s'épanouir sous l'oeil de la caméra. En 1971, Jiri Krejcik a signé "Emma, la divine", biographie romancée de la cantatrice tchèque du début du siècle, Emma Destinova, dans laquelle le public a trouvé de nombreux parallèles avec la situation politique en Tchécoslovaquie occupée par l'armée soviétique. Après la chute du communisme, Jiri Krejcik est devenu un critique infatigable de la commercialisation du cinéma tchèque et de l'âpreté au gain, qui ne respectait pas les valeurs culturelles. Dans un documentaire intitulé "Les principes supérieurs de Jiri Krejcik" le réalisateur a retracé sa vie et son oeuvre et évoqué aussi les pages sombres de l'histoire du cinéma tchèque de la seconde moitié du 20ème siècle. Le prix Vox humana lui a été décerné par l'Union de cinéma et de télévision pour un documentaire intitulé "Le baccalauréat en novembre" dans lequel il s'était penché sur l'influence de la révolution de velours, en 1989, sur les vies de lycéens d'une petite ville tchèque. Le jury a distingué, en la personne de Jiri Krejcik, le créateur, qui, je cite, "cherche avec une grande force morale et artistique à imposer l'idée de l'humanisation du monde dans lequel nous vivons."