Une conférence de presse de Jiri Dienstbier

L'observateur de l'ONU dans les pays de l'ex-Yougoslavie, Jiri Dienstbier, a donné une conférence de presse à Prague. Vaclav Richter.

Jiri Dienstbier a non seulement suivi de près la situation en Yougoslavie après le premier tour des élections présidentielles, mais il a rencontré également, ces derniers jours, des représentants officiels du pays et ceux de l'opposition dont Vojislav Kostunica, candidat à la présidence de la République. Selon Dienstbier la situation à Belgrade ressemble actuellement à celle de Prague en 1989. Il y a beaucoup d'enthousiasme mais aussi la peur de l'avenir et notamment de la réaction du Président Milosevic. L'opposition qui se considère comme vainqueur des présidentielles refuse catégoriquement de participer au deuxième tour. Elle n'accepterait cette solution qu'au cas où l'on procéderait à un nouveau comptage des voix, solution rejetée par Milosevic. Pourtant, à en croire Jiri Dienstbier, le nouveau comptage serait relativement facile et pourrait être réalisé dans trois heures par la commission électorale. Le candidat de l'opposition Vojislav Kostunica, est, d'après Dienstbier, un véritable espoir pour le pays. Ce juriste serait un homme intègre, modéré et franc. Parmi ses priorités il y a le renouveau des rapports avec le Monténégro. Il estime aussi que les forces internationales devront rester encore longtemps au Kosovo. C'est la journée de jeudi qui sera décisive, selon Jiri Dienstbier, pour la situation en Yougoslavie, car elle marque la fin de la campagne électorale. Si l'on n'arrive pas à imposer à cette datte le nouveau comptage des voix, Milosevic pourrait profiter de la situation pour intervenir dès vendredi contre les manifestants. Dienstbier a constaté que la résistance contre Milosevic commence à se manifester non seulement parmi l'opposition classique mais aussi dans les médias publics, dans certains organes d'Etat et même à la campagne considérée pourtant comme très conservatrice. Il a parlé également du rôle que les institutions internationales pourraient jouer pour éviter la guerre civile en Yougoslavie. A l'avis de Jiri Dienstbier l'Occident ne protestera contre l'arbitraire en Serbie que verbalement. Les Serbes savent qu'on ne les aidera pas. La seule chose qu'on peut négocier actuellement est la façon dont on pourrait permettre à Milosevic, considéré aujourd'hui comme un criminel de guerre, de renoncer au pouvoir sans déclencher un conflit. Dienstbier est convaincu que Milosevic est un homme fini. Reste à savoir si son départ sera paisible ou s'il dégénérera en une tragédie.