Une des voix les plus poignantes de la chanson tchécoslovaque, Eva Olmerová aurait eu 90 ans

Eva Olmerová

« Une voix fabuleuse née dans une mauvais époque », « La voix jazz par excellence » ou encore « Quand Olmerová chantait Piaf »… C’est ainsi que nous avions parlé, sur Radio Prague Int., d’Eva Olmerová, décédée en août 1993 à l’âge de 59 ans.

On la compare souvent à Bessie Smith, la légendaire chanteuse noire américaine de blues des années 1920-1930. Le timbre de sa voix et le sens de son swing ont fait d’Eva Olmerová l’une des voix les plus poignantes du blues et du jazz tchécoslovaque. Elle aurait fêté ses 90 ans le 21 janvier dernier.

Eva Olmerová | Photo: Svět je báječné místo k narození/ČT

A cette occasion, Vltava, la station culturelle de la Radio tchèque, a diffusé une nouvelle série qui retrace la vie et la carrière d’Eva Olmerová, une vie jalonnée d’excès, de déceptions et de conflits avec l’ancien régime.

Née en 1934 dans une famille bourgeoise de Prague, Eva Olmerová a commencé sa carrière de chanteuse dans les cafés de la capitale avant d’être découverte par le fondateur du célèbre théâtre musical Semafor. Rappelons que si Eva Olmerová est aujourd’hui considérée comme la meilleure interprète de jazz et de blues que la Tchéquie ait connue, le régime communiste n’a eu de cesse de la surveiller durant toute sa carrière, notamment en raison de l’engagement, pendant la Seconde Guerre mondiale, des membres de sa famille aux côtés des Britanniques et d’Edvard Beneš à Londres.

Derrière la chaleur rocailleuse de sa voix, se cache une vie mouvementée baignée d’alcool et de drogues. Pour beaucoup, Eva Olmerová représente l’anticonformisme que partageait une partie de la jeunesse du pays dans les années 1960.

Eva Olmerová | Photo: Zpěvačka/ČT

Son arrivée au théâtre Semafor en 1962 marque le début de sa notoriété. On lui propose alors de remplacer la célèbre chanteuse Eva Pilarová qui venait de signer un contrat avec le théâtre Rokoko pour chanter aux côtés de Waldemar Matuška, l’une des voix masculines les plus populaires de la Tchécoslovaquie socialiste des années 1960.

De cette époque date l’un de ces plus grands tubes d’Eva Olmerová, « Čekej tiše ».

« Jdou léta jdou » (Les années passent), c’est sous ce titre qu’Eva Olmerová interprétait, avec beaucoup de succès, la reprise de la chanson « Non, je ne regrette rien » d’Edith Piaf.

On écoute ces morceaux, et d’autres encore, dans cette émission musicale.