Une étudiante de Prague enlevée dans le Caucase. Qui la sauvera ?

Miriam Jevikova, photo: www.watchdog.cz

La prise en otage, en avril dernier, en Irak, de trois journalistes de la Radio et de la Télévision tchèques avait bouleversé l'opinion publique et la scène politique locale. Cette dernière avait déployé des efforts intenses pour les libérer. Un mois plus tard, une étudiante et employée humanitaire de Prague a été enlevée, par des inconnus, quelque part dans le Caucase. En août, elle n'a toujours pas été retrouvée et les autorités tchèques restent, cette fois-ci, quasi indifférentes...

Miriam Jevikova a 28 ans. Elle est Slovaque, mais vit, depuis plusieurs années, à Prague, étudie à la Faculté des lettres de l'Université Charles et collabore avec l'Organisation d'aide aux réfugiés. Depuis fin mai, elle est portée disparue et ses ravisseurs ont menacé, à trois reprises, de la tuer, s'ils n'obtenaient pas, en échange de sa libération, un million de dollars.

Enfin, les médias commencent à enquêter sur le destin de la jeune femme et à soulever des questions... "Elle s'entendait très bien avec les Tchétchènes. Elle était en contact permanent avec des réfugiés tchétchènes ici, en République tchèque, et savait obtenir de leur part d'excellentes informations", s'est souvenu, pour l'hebdomadaire Respekt, Martin Rozoumek, de l'Organisation d'aide aux réfugiés. En mai, Miriam a assisté à un séminaire sur la problématique des réfugiés, tenu à Piatigorsk, dans le sud de la Russie. Ensuite, elle a voulu se déplacer à Nazran, capitale de l'Ingouchie, pour revoir ses amis tchétchènes. Elle était seule et sans arme. Ses collègues pragois ont fait l'impossible pour lui déconseiller ce voyage à hauts risques. En vain. Miriam disparaît et son ami de Nazran reçoit, sur son portable, le message suivant : "Cela fait deux heures qu'on me traîne à travers les champs."

Un nom de plus donc sur la longue liste des disparus dans le Caucase. Depuis les années 1990, le commerce des otages y fleurit, ainsi que la corruption au sein des services de police russe. En cas d'enlèvement, les initiés suggèrent de collaborer avec des services de sécurité privés et d'exercer une pression diplomatique sur les autorités russes. Qu'en est-il alors de l'affaire Miriam ? La police tchèque mène une enquête, mais affirme d'ores et déjà ne pas pouvoir faire grand chose. Les diplomaties tchèque et slovaque s'intéressent à l'enlèvement, mais n'agissent pas. L'Organisation pragoise d'aide aux réfugiés cherche des pistes, mais surtout des moyens financiers. Un million de dollars américains représente son budget pour dix ans...

Auteur: Magdalena Segertová
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