Une sénatrice accusée de racisme anti-rom
Des mots clairs, crus, sans ambages, exprimant la haine des Roms, ce sont ceux d'une sénatrice tchèque dont les paroles, enregistrées il y a un an, ont été rendues publiques sur le site de l'association Romea.
« Décomplexée », c'est le mot qui vient à l'esprit à l'écoute de l'enregistrement rendu public par l'association Romea, mettant en cause la sénatrice Liana Janackova. L'actuelle maire d'un arrondissement de la ville d'Ostrava dans la région de Moravie-Silésie s'exprimait à l'occasion d'une discussion publique du syndic d'habitation, le 15 août 2006, au cours de laquelle il était question de la problématique d'une localité, Bedriska, majoritairement habitée par des populations rom. L'enregistrement, apparemment réalisé par un des participants à la discussion, est de mauvaise qualité, mais les paroles ne laissent guère de doute :
« Je vais vous dire une chose. Je ne suis pas d'accord avec une quelconque forme d'intégration. Malheureusement je suis raciste. Je n'approuve pas l'intégration des Tziganes et qu'ils se retrouvent répartis sur toute la surface de la circonscription. Malheureusement, nous avons choisi Bedriska, donc c'est là qu'ils vont se retrouver, avec une clôture et de l'électricité, ça m'est égal. Ca ne me pose pas de problème de le crier à haute voix dans le monde entier. »
Clôture électrifiée, évocation de dynamitage, comme le note ce mercredi le quotidien Lidove noviny, il s'agit sans doute de la plus violente attaque contre la communauté rom, de la part d'un parlementaire tchèque, depuis l'existence du parti d'extrême droite de Miroslav Sladek.
L'association Romea a reçu l'enregistrement de l'ancien maire de la circonscription, Radomir Michniak. Celui-ci explique qu'il l'a trouvé dans sa boîte aux lettres la semaine passée. Il récuse toute signification politique et affirme s'être comporté de manière citoyenne.
Liana Janackova était maire de la circonscription depuis 1990 jusqu'aux élections communales de l'année dernière. Ce n'est pas la première fois que cette membre du comité sénatorial pour l'éducation, la science, la culture et les droits de l'homme se distingue par une critique violente des Roms. A l'automne 1997, elle avait proposé de fournir une subvention aux Roms qui souhaiteraient émigrer au Canada.
Suite à la mise en ligne de l'enregistrement sur le site romea.cz, une des membres de cette association a déclaré que Liana Janackova était prête à discuter avec eux, avant de se rétracter. La sénatrice, qui précise qu'elle n'a pas entendu l'enregistrement, dénonce une manipulation politique de la part de son prédécesseur. Elle explique que ses paroles sont diffusées « hors contexte » et refuse l'accusation de racisme, exprimée notamment par la Ligue contre l'anti-sémitisme.
D'après Lidove noviny, Janackova est une politicienne très populaire à Ostrava. Le quotidien cite un représentant local d'une association rom, Josef Stojka qui serait convaincu de l'arrière-plan politique de l'enregistrement. D'après lui, Liana Janackova ne serait pas raciste, rappelant son soutien à un tournoi de football contre la toxicomanie et le racisme.
En attendant, plusieurs associations roms envisagent de porter plainte contre la sénatrice. Le président du sénat, Premysl Sobotka a déclaré qu'il voudrait d'abord entendre la version des faits de Liana Janackova : « si une plainte est déposée, ce n'est qu'à ce moment-là que l'affaire serait reprise par le comité chargé de l'immunité et des mandats sénatoriaux », a-t-il expliqué.