Une soirée autour de la littérature tchèque à Saint-Emilion
Fin avril, l’Association franco-tchèque d’Aquitaine, le réseau Culture et Bibliothèques pour tous et Radio Prague organisaient, à Saint-Emilion et à Bordeaux, deux soirées littéraires et musicales à l’occasion du 30e anniversaire de la révolution de Velours dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Milan Kundera, Václav Havel, Emil Zátopek, Suzanne Renaud, Bohuslav Reynek, Jan Palach, ainsi que d’autres personnalités tchèques, françaises ou franco-tchèques ont été évoquées lors des deux conférences qui avaient pour thème la liberté et l’exil.
C’est le Château Grand Corbin-Despagne, à Saint-Emilion, qui a accueilli l’une des deux conférences. Radio Prague s’est entretenue avec son organisatrice Geneviève Querre qui, grâce au réseau Culture et bibliothèques pour tous, anime depuis des dizaines d’années la vie culturelle dans ce beau coin de la région bordelaise.
« Je suis bibliothécaire au sein du réseau associatif Culture et bibliothèques pour tous (CBPT). Nous sommes plus de 8000 bénévoles dans toute la France. Nous avons diverses activités culturelles et sociales, nous organisons des manifestations à l’extérieur des bibliothèques aussi, dans des hôpitaux ou des prisons par exemple. »
Personnellement, que faites-vous exactement ?
« Je prête des livres ! Ensuite, nous avons une revue, Les notes bibliographique, qui nous permet de nous tenir au courant des événements dans le domaine littéraire. Nous avons également créé un prix littéraire, le Prix CBPT. Nous l’avons attribué par exemple à Marc Dugain, un auteur dont on parle beaucoup en ce moment et que nous avons ainsi découvert. »Je vois des piles de livres tout autour de nous, dans votre maison. Cela veut dire que les gens peuvent les emprunter chez vous ?
« Tout à fait. Moi, je fais payer 1 euro le livre. Chacun paye ensuite une contribution de 10 euros pour l’année. Pour des raisons diverses et variées, j’ai une ‘bibliothèque volante’. Comme vous pouvez le voir, j’ai des livres ici, chez moi. Je les emmène ensuite avec ma voiture chez les lecteurs, ou alors ils viennent chez moi, on boit un thé, un café ou un verre de vin rouge et on en discute ! »
Vous organisez également des conférences…
« Oui, depuis trente ans. Nous sommes reçus dans différents châteaux, comme cela a été le cas pour cette conférence sur la littérature tchèque. Franchement, il est plus facile d’être bibliothécaire à Saint-Emilion qu’à Trifouilly-les-Oies… Quand je m’adresse à des auteurs comme Pierre Assouline, ils sont toujours contents de venir. »
Avez-vous des écrivains tchèques préférés ?« J’adore Kundera, j’ai pratiquement tout lu de lui. Mais j’avoue que je suis surtout une passionnée de la littérature latino-américaine, italienne et espagnole. »
Lors de la conférence, le public a pu découvrir et même acheter le roman-reportage « La vie brève et romancée de Jan Palach », écrit par le jeune écrivain français Anthony Sitruk. Avez-vous apprécié ce livre ?
« J’ai beaucoup apprécié, j’ai même pris des notes lors de la lecture. Ce qui est intéressant, c’est que par moment, l’auteur se met presque à la place de Jan Palach. On mélange même à certains moments les deux vies… J’ai beaucoup aimé la fin, les propos que tient la compagne de Palach. Enfin, on ne sait pas si c’était sa compagne, on ne sait pas ce que cette fille a vraiment représenté pour lui… Comme je l’ai dit à la conférence : tout le monde connaît aujourd’hui le nom de Jan Palach. Alors il n’est pas mort tout à fait pour rien. »