Une uchronie franco-tchèque

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L’uchronie est un terme de science-fiction désignant la création d’une réalité parallèle, d’un temps qui n’existe pas. C’est également le titre d’une exposition d’art contemporain franco-tchèque présentée entre décembre et janvier à l’Institut Français de Prague et à la galerie Klenová à Klatovy.

A l’instar de l’exposition « Scenario Strategies » à la Meet Factory, et à laquelle Radio Prague avait précédemment consacré un article, l’exposition « Uchronie » se veut une autre tentative de croiser des œuvres d’art contemporaines de France et de République tchèque. Organisée avec le soutien de l’Institut Français de Prague par le Fonds Régional d’Art Contemporain (ou FRAC) de Franche-Comté et par la galerie Klenová de la ville de Klatovy, en Bohême de l’Ouest, l’exposition « Uchronie » se déroule du 9 décembre au 22 janvier à la Galerie 35 de l’Institut Français. En parallèle, des œuvres sont exposées dans à la galerie Klenová de Klatovy.

Mais qu’est-ce donc que l’uchronie, thème central de cette manifestation artistique ? Réponse avec Marc Bembekoff, coorganisateur de l’exposition et membre du collectif de commissaires indépendants « Le Bureau » :

Marc Bembekoff
« Effectivement, il s’agit d’un projet qui s’intitule ‘Uchronie’, ‘ou des récits de collections’ est le sous-titre. L’idée, avec ce projet, était de croiser deux collections d’art moderne et contemporain en ce qui concerne la République tchèque, car, comme vous le dites, cette exposition se déploie à Klatovy, dans un lieu qui s’appelle la Galerie Klatovy Klenová. Nous avons croisé la collection de cette galerie avec le FRAC, Fonds Régional d’Art Contemporain de la région Franche-Comté en France. L’idée de cette notion d’uchronie était de croiser ces deux collections, l’uchronie définit un récit parallèle et c’est un dispositif qui est souvent utilisé dans la science-fiction pour créer des récits ou des histoires parallèles. Du coup cela nous intéressait, en croisant et en cumulant les œuvres de ces deux collections, de créer une sorte de collection idéale, et à partir de cette collection idéale, nous avons déployé une présentation ici à Prague et une présentation à Klatovy. »

Un des buts des FRAC est de faire connaître les œuvres d’art contemporaines françaises à l’étranger. Certaines sont ainsi à voir à l’Institut français de Prague. Par exemple, « Mille et une nuit » d’Etienne Bossut, moulage sur le mur de plusieurs portes identiques qui semblent toutes mener vers un univers parallèle. Ou encore l’étonnante « Horloge d’une vie de travail » de Julien Berthier, imposante horloge en acier qui comptabilise le temps d’une vie d’un travailleur français et qui sonnera à sa toute fin. Mais au-delà des œuvres, comment est née cette coopération franco-tchèque. Réponse avec Marc Bembekoff :

« L’idée de cette coopération est venue de façon commune, à la fois du FRAC Franche-Comté et de la galerie Klatovy Klenova qui souhaitait mettre en place un programme de coopération à l’échelle européenne. Ils ont fait appel à un groupe de commissaires qui s’appelle ‘Le Bureau’, dont je suis le représentant aujourd’hui. L’idée était vraiment de croiser ces deux collections, de voir quels pourraient être les points de comparaison mais aussi les différences entre les artistes tchèques et les artistes français et internationaux qui sont représentés dans les deux collections. »

Comme dans le cas de l’exposition « Scenario Strategies », certaines œuvres peuvent sembler difficile d’approche pour le grand public. Alors, trop élitiste l’art contemporain ?

« Je pense que c’est aussi la raison pour laquelle la galerie Klatovy Klenová et le FRAC Franche-Comté ont fait appel au ‘Bureau’, car ce collectif de commissaires s’intéresse beaucoup à la question du rapport de l’œuvre au visiteur et notamment en mettant en place des systèmes qui permettent au visiteur de comprendre vraiment les œuvres. On est très sensible à ce que tout un chacun puisse comprendre ce type d’art, qui, comme vous le dites, peut paraître ‘ésotérique’ mais qui, si l’on y prête un œil un peu attentionné, et même si on est totalement néophyte, permet de renouveler son regard sur le contexte dans lequel on vit, sur le monde aussi en général. »

Une exposition originale, donc, et dont la mise en scène semble de prime abord plutôt réussie. Vous pourrez ainsi la découvrir à l’Institut Français de Prague, mais aussi, pour sa partie la plus importante, à la galerie Klenová de Klatovy.