Vaclav Havel dans les pages de l'hebdomadaire Respekt
« Je n'ai pas écrit de pièce de théâtre depuis dix-huit ans, voilà pourquoi je suis assez inquiet », se confie Vaclav Havel dans la dernière édition de l'hebdomadaire Respekt à propos de sa nouvelle création théâtrale. Dans une longue interview, il se penche également sur d'autres thèmes d'actualité.
Selon l'ex-président tchèque, une « langue politique automatisée » est le principal sujet de la nouvelle pièce de théâtre qu'il avait commencée à écrire encore sous le communisme et qu'il vient récemment d'achever. Elle s'ajouterait à la vingtaine de celles, pour le théâtre et la télévision, qu'il a déjà à son compte. « Mon intérêt durable pour la langue a été étayé par mes nouvelles expériences », explique-t-il. La sortie de la pièce est prévue pour l'année prochaine. Parmi les scènes de théâtre qui se l'arrachent, c'est le Théâtre national qui s'annonce comme le candidat le plus sérieux.
Au début de cette année, Vaclav Havel, accompagné de son épouse Dagmar, a passé plusieurs mois aux Etats-Unis qu'il décrit comme « un pays aux milliers de facettes ». D'où sa réticence à porter des jugements à son égard. Il ne mâche en revanche pas ses mots quand il s'agit de ce qu'il appelle « le désagréable antiaméricanisme européen ». Il dit :
« A chaque fois que nous avons été en difficulté, l'Amérique a été prête à nous aider, qu'il s'agisse de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale ou de la Guerre froide. Sans l'Amérique, nous ne serions pas membres de l'OTAN et de l'Union européenne... Je pense que l'Europe devrait faire preuve de plus de rationalité et de compréhension à l'égard de l'Amérique ».
Dans le journal Respekt, Vaclav Havel, qui avait à l'époque soutenu l'intervention américaine en Irak, s'exprime également sur ce sujet en déclarant: « Dès le début, j'ai considéré cette intervention comme une preuve de la non indifférence à l'égard du sort d'un prochain... Le timing de l'opération et le fait que des milliers d'experts n'aient pas su évaluer ce qui allait advenir après la guerre - voilà ce qui a été mauvais. Cela ne change pourtant rien à ma joie basale que le régime de Hussein n'existe plus ».
Dans l'interview, Vaclav Havel esquisse également l'idée qu'il se fait du prochain président tchèque. Pour lui, « cela devrait être quelqu'un de bien plus jeune que l'actuel président Vaclav Klaus, dont le mandat aura expiré au début de l'année prochaine, et le mieux serait que ce soit une femme ».