Vaclav Straka

Le colonel Vaclav Straka
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Ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, le colonel Vaclav Straka, Chevalier de la Légion d'honneur a été très engagé dans la résistance en Belgique et en France. Il a participé à organiser le départ des bénévoles dans la légion tchécoslovaque qui s'est formée en France. Actuellement il est porte-parole de l'Association des légionnaires tchécoslovaques. Le colonel a été décoré à plusieurs reprises, à titre d'illustration je citerais la Médaille commémorative de l'Association des combattants pour la paix, la Croix de guerre 1939 ou la Croix du mérite du ministre de la défense.

Né le 8 avril 1914 à Prague, Vaclav Straka, a fait ses études secondaires au lycée moderne. Après avoir terminé ses études universitaires à la faculté des lettres de l'Université Charles, option français et allemand, il a commencé à enseigner au lycée à Holesovice, un quartier de Prague. En cette période le gouvernement belge lui a octroyé une bourse d'étude à l'Université de Bruxelles. V. Straka part donc pour la Belgique. Je donne la parole au colonel Straka qui est mon invité à l'antenne.

« J'ai obtenu ma bourse du gouvernement belge au moment où j'ai voulu écrire ma thèse et entre temps je devais travailler comme lecteur auxiliaire de la langue tchèque. Mais quelques jours après mon arrivée en Belgique les Allemands sont entrés en Tchécoslovaquie et ont détruit notre république. J'ai fini mes études soit disant scientifiques et j'ai commencé à être actif comme résistant. J'ai travaillé dans différentes associations dans le cadre des cercles de compatriotes tchécoslovaques en Belgique. Je faisais la propagande contre l'occupation de la Tchécoslovaquie. Après notre armée a été constituée au sud de la France, alors j'ai envoyé ma demande d'adhésion et j'ai été admis. Ensuite j'ai quitté la Belgique. C'était lorsque les Allemands ont commencé l'offensive à l'ouest. J'ai rejoins notre armée. C'était une période très compliquée car les Allemands ont occupé la Belgique et après le Nord de la France et c'était très dangereux parce que les Allemands avançaient vers le sud et si nous étions capturés, c'était la mort ou le camp de concentration.»

La France a capitulé et les unités ont été évacuées en Grande Bretagne. Vous avez voulu rejoindre l'aviation, mais pourquoi vous n'y êtes pas entré ?

« Parce que mes yeux ne sont pas bons. Chaque aviateur doit avoir de bons yeux. Donc, je sui entré dans l'armée et on m'a demandé d'être rédacteur du quotidien de l'armée qui s'appelait Nase noviny (Nos nouvelles). Depuis j'étais rédacteur de ce journal jusqu'à la fin de la guerre. A la fin de la guerre, c'est à dire en 1944, le rédacteur en chef du journal a reçu la fonction du correspondant de guerre. En tant que civil il devait quitter l'armée et le commandement de l'armée m'a confié le poste du rédacteur en chef de ce journal. »

Au fait c'était le poste de rédacteur militaire.

« En même temps j'ai reçu la fonction de rédacteur militaire. Ce n'était pas seulement une fonction mais un grade. »

Il est à noter qu'après la guerre ce grade fut inexistant dans l'armée tchécoslovaque et c'est un grade qui d'ailleurs correspondait au grade de lieutenant. En 1944 un détachement mixte fut envoyé à Dunkerque.

Vous avez rejoint en tant que correspondant de guerre l'armée libératrice américaine qui marchait vers la frontière tchécoslovaque.

« Non, c'est à dire tous les soldats tchécoslovaques à Dunkerque voulaient rejoindre l'armée américaine et avancer vers la Tchécoslovaquie. Mais ce n'était pas possible car nous faisions partie de l'armée britannique qui avançait au Nord de l'Allemagne. Mais après il y a eu l'accord sur l'envoie d'un détachement de 144 soldats tchécoslovaques vers l'armée américaine et moi j'ai rejoint ce détachement comme correspondant militaire et je suis allé avec ce détachement vers la frontière tchécoslovaque. »

Le 1er mai 1945 les unités ont franchit la frontière et sont arrivé sur Cheb, à l'ouest de la Bohême, et après quelques jours ils ont rejoint la division américaine à Pilsen. C'était la période de l'insurrection dans la capitale du pays et votre plus haut désir, comme d'ailleurs celui de beaucoup de compatriote, était de traverser la ligne de démarcation et assister aux combats. Mais cela ne s'est pas passé.

Pourquoi ?

« Il y avait une ligne de démarcation conclue entre les Américains et les Russes. Il n'était pas possible pour ceux qui ne faisaient pas partie de l'armée américaine de franchir la ligne de démarcation. Mais moi, en tant que journaliste qui ne répondais pas ordres militaires si sévères comme un soldat ordinaire, j'ai pris avec un camarade un car et nous sommes partis sur Prague sans la permission des Américains. Nous avons franchi la ligne d démarcation et le 8 mai, un jour après l'arrivée des Russes nous étions à Prague. »

Il continue à donner des cours de tchèques et d'anglais clandestinement et à écrire dans différents magazines sous pseudonyme. Mais la police de l'état, la STB, lui demande de coopérer et comme il refuse cette proposition abjecte, le Ministère de l'intérieur met un terme à toutes ses activités.Svet v obrazech, le colonel Straka décroche le poste de rédacteur qu'il assume jusqu'à l'arrivée des Russes à Prague en 1968. C'est l'époque de la normalisation et il est encore renvoyé, mais il a cinquante cinq ans, le colonel prend une retraite anticipée.

Vaclav Straka se retire et redevient actif après la révolution de velours de 1989. L'Association des légionnaires tchécoslovaques reprend son existence et V. Straka accepte un poste au secrétariat de l'association. Il faut dire qu'il n'a jamais cessé de garder le contact avec ses amis, les combattants étrangers. Chaque année il est à la tête du cortège qui vient rendre l'honneur auprès du monument à Pomezi en Bohême de l'Ouest à la mémoire des premiers militaires tchécoslovaques de l'occident arrivés sur le territoire de la Tchécoslovaquie.