70 ans du Débarquement : s’ils n’ont pas vraiment combattu en Normandie, les Tchèques ont grandement contribué à la Libération

70 ans du Débarquement, Normandie, photo: ČTK

Après Varsovie ces derniers jours, où il a participé aux célébrations du 25e anniversaire des premières élections démocratiques en Pologne, c’est en Normandie que se rend, ce vendredi, le président tchèque. Sur la plage de Sword Beach, Miloš Zeman, comme des dizaines d’autres chefs d’Etat du monde entier, assistera aux cérémonies organisées à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement et de la bataille de Normandie. L’occasion de rappeler le rôle joué alors par les soldats tchèques et slovaques dans la libération de la France et de l’Europe.

70 ans du Débarquement,  Normandie,  photo: ČTK
Les pages en tchèque du site officiel du 70e anniversaire pourraient le laisser penser, et de nombreux Tchèques eux-mêmes le pensent, et pourtant : les soldats tchécoslovaques n’ont pas participé, ou alors seulement très minoritairement, au débarquement du 6 juin 1944 et aux combats qui ont fait rage en Normandie. A cela une raison très simple, comme l’explique l’historien Eduard Stehlík :

« Effectivement, aucune unité de l’armée tchécoslovaque, et je pense là aux unités de terre de notre Brigade blindée en Grande-Bretagne, n’a participé à la première vague d’invasion du continent. Cela ne signifie pas que les Alliés n’avaient pas confiance en nos soldats ou qu’ils étaient moins bons que les autres. En fait, cette Brigade avait des effectifs limités, et en cas de pertes importantes dans les combats, il n’y aurait pas eu d’autres Tchèques et Slovaques pour remplacer les soldats morts. La Brigade a donc été prête pour une autre mission qui lui a été confiée un peu plus tard : le siège du port de Dunkerque. »

Václav Straka en 1940,  photo: Post Bellum
Ces propos sont confirmés par Václav Straka. Il y a dix ans de cela, à l’occasion du 60e anniversaire, cet ancien colonel mort en 2011 à l’âge de 97 ans avait été décoré des insignes de la Légion d’honneur à l’ambassade de France à Prague. A l’époque, il avait expliqué au micro de Radio Prague ce que lui faisait le jour J :

« Le 6 juin 1944, j'étais avec mon groupe, nous avons traversé le canal et notre brigade devait rejoindre les Polonais qui avaient déjà avancé vers le nord, en Belgique. Dunkerque était le seul port français encore intact, tous les autres avaient été détruits. Le général de Gaulle avait demandé de ne pas détruire ce port. Et comme nous étions là, en tant qu'unité indépendante, Montgomery a décidé que nous allions assiéger les Allemands, sans que le port soit détruit, et attaquer les Allemands pour les contraindre à se rendre, mais ils ne se rendaient pas. Nous sommes restés là pratiquement jusqu'à la fin de la guerre. Nous avons fait trois cents assauts, mais qui n'ont servi à rien... Nous avions des bateaux à moteur, mais les Allemands se trouvaient dans les polders qui avaient été inondés. »

S’ils ont été des milliers à combattre sur la Côte d’Opale, Tchèques et Slovaques n’étaient cependant pas totalement absents non plus en Normandie. Eduard Stehlík précise la nature de leur présence :

Eduard Stehlík
« Plusieurs de nos pilotes ont quand même participé directement au Débarquement. Mais cela ne signifie pas non plus que la Tchécoslovaquie n’était pas représentée dans les combats à terre. Parmi les soldats américains, des centaines avaient un nom tchèque ou slovaque. C’étaient des Tchécoslovaques ou des descendants de Tchécoslovaques qui avaient émigré aux Etats-Unis. Il suffit de se rendre dans les cimetières qui se trouvent à proximité des plages du Débarquement pour constater que des noms comme Novák ou Beneš se trouvent sur de très nombreuses croix. »

70 ans du Débarquement,  Normandie,  photo: ČTK
C’est donc la mémoire de ces milliers de soldats, qu’ils aient combattu en Normandie, à Dunkerque ou ailleurs sur le front de l’Ouest, qu’ils aient été tchécoslovaques ou thcéco-américains, que le président Zeman honorera ce vendredi. A cette fin, avant de monter dans l’avion en direction de la France, le chef de l’Etat rencontrera quelques-uns de ces anciens combattants, parmi les derniers encore vivants, à l’aéroport de Prague-Kbely.