Václav Vorlíček, un scout devenu réalisateur de cinéma
Le festival du Film pour les enfants et la jeunesse qui se tient ces jours-ci à Zlín en Moravie rend hommage au réalisateur tchèque Václav Vorlíček. Le 3 juin, ce cinéaste aimé par les enfants et les adultes fêtera son 80ème anniversaire. Sa vie a été complètement vouée au cinéma, son métier et sa passion.
C’est déjà une coutume. A Noël, enfants et adultes, regardent à la télévision tchèque « Trois noisettes pour Cendrillon », film qui a fait de la vielle histoire de Charles Perrault un spectacle vivant, drôle et poétique et qui restera sans doute un des sommets de la carrière de Václav Vorlíček. On peut dire que les contes pour enfants sont sa spécialité mais il a excellé aussi dans les films pour adultes et notamment dans la comédie, genre auquel il a donné un humour noir bien spécifique. Tout a commencé dans sa tendre jeunesse passée à Prague. On dirait que le jeune Vorlíček n’a jamais douté de sa vocation :« Garçon, j’étais fou de cinéma. Le samedi, après l’école, en ce temps-là on allait encore à l’école le samedi, je filais au cinéma, la première séance commençait à 3 heures, la deuxième à 5 heures et la troisième, si mes parents me le permettaient, encore à 8 heures. Je préférais les comédies et je raffolais des films du réalisateur Martin Frič. »
C’est au scoutisme, mouvement ayant marqué à vie beaucoup de garçons tchèques avant d’être interdit par les communistes, que le jeune Václav doit son premier contact avec le cinéma :
« En tant que petit scout, à seize ou dix-sept ans, j’ai pu pour la première fois assister à un tournage. Le chef de notre unité scoute a écrit un scénario, histoire romantique située dans une région frontalière. Les studios de Barrandov ont accepté le scénario, l’ont confié au réalisateur Mach et notre unité scoute y a joué. Pratiquement tout le film a été tourné lors du camp de notre unité. Je crois que cela s’est passé en 1947. »Malgré la situation politique qui n’était pas favorable aux jeunes talents la chance n’a pas cessé de sourire à ce jeune homme irrésistiblement attiré par le cinéma :
« Au cours du tournage de ce film pendant mes années au scout je me suis fais des connaissances dans les studios de Barrandov. Et je me suis dit que je devais m’y infiltrer. Alors je me suis porté candidat et j’ai été accepté dans l’équipe qui préparait le film de Martin Frič intitulé « C’était en mai ». J’ai donc rencontré aussi un peu plus tard le réalisateur Frič. Et puis au bout d’un an, j’ai de nouveau tenté ma chance. Cette fois ça a bien marché et j’ai été reçu à la Fac de cinéma malgré le fait qu’il y avait énormément de candidats parce que, cette année-là, on y recevait des cadres ouvriers. » C’est dans les années soixante que Václav Vorlíček s’impose grâce à une parodie de la bande dessinée « Qui veut tuer Jessie » réalisée avec la collaboration du dessinateur Kája Saudek. Mais c’est avec l’écrivain et scénariste Miloš Macourek que Václav Vorlíček formera un duo de créateurs parfait qui lui permettra de réaliser la majorité de ces films à succès, films qui marieront l’humour, la parodie et la science-fiction. Déjà les titres de ces films sont bien évocateurs : « Monsieur, vous êtes veuve », « La fin de l’agent secret W4C », « Comment noyer le docteur Mráček ou La Fin des ondins en Bohême ». Les films de Václav Vorlíček ainsi que ses séries pour la télévision ont été vus par des millions de spectateurs et connaissent aujourd’hui un nouveau regain d’intérêts grâce aux DVD. « La trame ne doit pas traîner. Elle doit être ponctuée de gags, elle doit aller de l’avant, elle doit surprendre », disait Václav Vorlíček de sa méthode. Cette recette de faire un bon film peut sembler un peu trop simple. Si elle faisait pourtant merveille entre les mains de Václav Vorlíček, c’est parce que le réalisateur savait y ajouter son talent hors du commun, sa fantaisie infinie, son humour irrésistible et sa passion pour le cinéma.