Visas d’étude : plus de trois mois d’attente pour les étudiants étrangers
Trois mois au minimum, souvent cinq. C’est le temps que doivent attendre les étudiants étrangers, issus de pays non-membres de l’espace Schengen pour pouvoir obtenir un visa et suivre leurs études en République tchèque. Un état de fait contre lequel s’insurgent les recteurs des universités et les ONG.
Afin de pouvoir étudier 6 mois ou un an, un étudiant issu d’un pays situé hors de l’Union européenne et surtout hors de l’espace Schengen, doit présenter son passeport, un justificatif prouvant qu’il a été accepté dans l’école de son choix, une autorisation de séjour mais aussi prouver qu’il peut subvenir à ses besoins. L’administration tchèque exige également parfois un extrait de casier judiciaire ou encore un certificat médical. De même, l’étudiant doit pouvoir prouver qu’il est couvert par une assurance voyage. Le processus d’obtention d’un visa temporaire peut ainsi durer de trois à cinq mois.
Il n’y a pas que les étudiants à pâtir de la lenteur de la machine administrative. Les universités, elles aussi, se plaignent des difficultés qu’elles rencontrent, car tous les documents doivent être assermentés. Kateřina Mudrová, de la section internationale de la Haute école d’Economie de Prague :« Pour nous, le fait de devoir faire assermenter les documents par un notaire est une véritable charge. Parfois il est possible de prendre plusieurs dossiers à la fois et de le faire en une fois, mais la plupart du temps, c’est en fonction du moment où les étudiants envoient leur dossier, et souvent il reste peu de temps avant la date limite. Nous-mêmes, nous apposons notre sceau qui devrait suffire, et malgré tout, il faut encore passer par le notaire. »
En outre, copies conformes et documents assermentés coûtent 30 couronnes. Les écoles déboursent donc des sommes importantes afin de pouvoir traiter les dossiers de leurs futurs étudiants.
Richard Hindls est le recteur de la Haute école d’Economie de Prague et vice-président de l’organisation des recteurs. Pour lui, la situation doit être prise au sérieux :
« Pour nous, le vrai problème c’est la durée interminable pour l’obtention d’un visa pour les étudiants. Ceux-ci finissent parfois par choisir une autre école lorsque le visa est plus facile à obtenir. Si nous voulons nous ouvrir au monde, ce qui est un des objectifs de base de l’université, pas seulement chez nous, il faut faire quelque chose. D’un autre côté je comprends que l’Etat ait ses limites. »Par la voix du ministère de l’Intérieur, l’Etat pour sa part, se défend et argue que certaines des dernières conditions d’obtention d’un visa s’appliquent à tout un chacun, et ne visent pas uniquement les étudiants. Il rappelle que la durée de traitement des dossiers va de 60 à 90 jours selon le type de visa. Les nombreux documents que doivent également fournir les universités comme par exemple un certificat lié au logement, ont pour but de garantir aux étudiants un certain niveau de vie.
En attendant, il n’en reste pas moins que dans certains cas, des étudiants ayant obtenu un visa de courte durée n’ont pas pu finir leur semestre d’étude, faute d’avoir eu leur visa de longue durée. Comme en France où à l’heure actuelle de nombreux étudiants étrangers se voient refusés un permis de séjour et de travail après avoir fait leurs études, la République tchèque, elle aussi, pourrait se voir privée à terme de « cerveaux » qui préféreront mettre le cap vers d’autres destinations plus accueillantes.