Vlasta Pruchova, une passionnée du jazz
Vlasta Pruchova - ce nom surgit presque automatiquement lorsque les Tchèques parlent du jazz. Elle avait le jazz dans le sang et elle est devenue en quelque sorte sa personnification aux yeux de ses concitoyens. La disparition de Vlasta Pruchova, à l'âge de 79 ans, est donc une grande perte pour le jazz tchèque.
Elle est née en 1926 de parents moraves à Ruzomberok en Slovaquie. Ses parents étaient de bons chanteurs, sa mère a étudié au conservatoire de Vienne, son père était directeur d'un hôpital militaire à Ruzomberok. En 1941 à Zlin, en Moravie, Vlasta Pruchova fait la connaissance de l'étudiant en médecine et musicien de jazz Jan Hammer et c'est une rencontre décisive. Elle trouve en Jan Hammer non seulement l'homme de sa vie, son mari et future père de ses enfants, mais aussi un artiste qui sait apprécier ses dons multiples - son phrasé et son sens du rythme, sa voix flexible, son tempérament bouillonnant et sa musicalité exceptionnelle.
Le début de la carrière de Vlasta Pruchova est prometteur. Son premier engagement date de 1946. Elle commence à chanter à Marianske Lazne (Marienbad) et dès l'année suivante, elle entre avec son mari dans l'ensemble Rytmus 47 à Prague et chante dans le club de jazz Pygmalion, place Venceslas. Avec le régime communiste instauré en 1948, les choses commencent cependant à se gâter car le jazz est stigmatisé en tant qu'art bourgeois. Malgré cela, Vlasta Pruchova continue à chanter avec les meilleurs orchestres tchèques et devient très populaire grâce à son rôle de présentatrice du concours télévisé et radiophonique « On cherche la chanson pour une journée ordinaire ». Sa passion du jazz passe aussi sur son fils Jan Hammer, qui fera une brillante carrière aux Etats-Unis en tant qu'auteur de musique de film et sera récompensé par Grammy Award.
Les années soixante-dix et quatre-vingts ne faciliteront pas non plus la vie artistique de Vlasta Pruchova. Le régime totalitaire et prosoviétique ne lui pardonnera pas son fils émigré en Amérique et lui fermera les studios d'enregistrement. Le seul grand regret qu'on ressent aujourd'hui lorsqu'on revient sur sa vie artistique, c'est donc qu'elle n'a pu vraiment enregistrer qu'après la chute du communisme en 1989 et que le disque n'a pas conservé son art à son apogée. Le jazz est resté pour elle une source d'énergie vivifiante jusqu'à la fin. L'âge et la maladie n'ont pas découragé cette femme qui disait : « Le jazz, on doit le sentir, on ne peut pas le seriner à quelqu'un. »