« Zatopek », le magazine francophone de course à pied
Il y a un peu plus d’un an de cela, en janvier 2007, sortait en Belgique le premier numéro d’un magazine consacré à la course à pied baptisé « Zatopek », du nom du plus grand athlète et sportif tchèque de l’histoire, Emil Zátopek. Depuis quelques semaines, le cinquième numéro de « Zatopek », trimestriel, se trouve dans les librairies de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’un peu partout en France. Un premier anniversaire qui était l’occasion de s’entretenir avec Gilles Goetghebuer, le rédacteur en chef du magazine, et de lui demander, d’abord, pourquoi avoir choisi le nom de Zátopek :
« Pourquoi Zátopek ? Si on avait fait un magazine de course automobile, on l’aurait peut-être appelé Fangio. Si ça avait été un magazine de football, c’aurait été Pelé, en boxe peut-être Mohamed Ali, et Zátopek s’est imposé à nous pour l’athlétisme de manière presque évidente parce que, à notre sens, dans toute l’histoire de l’athlétisme, qui connaît pourtant des héros extraordinaires, c’est peut-être le plus grand, le plus magique. Bien sûr, son palmarès sportif parle pour lui, avec dix-huit records du monde, quatre médailles d’or olympiques, et puis surtout cet exploit incroyable aux Jeux d’Helsinki en 1952 où il a gagné à la fois le 5 000 mètres, le 10 000 mètres puis le marathon dans la foulée. Mais ce n’est pas la seule raison. C’est aussi le personnage qui nous a attirés et dont on s’est dit qu’il ferait un beau modèle pour notre magazine. »
Aujourd’hui, plus de cinquante ans après ses exploits, qu’évoque ce nom de Zátopek en Belgique, notamment pour les jeunes générations ?
« Justement, on voit vraiment un fossé entre les anciens pour qui Zátopek est presque passé dans le langage courant. Quand on voit quelqu’un courir, vous entendez souvent une personne dire ‘Vas-y Zátopek’ mais à condition qu’elle ait déjà atteint un certain âge. Chez les jeunes, malheureusement, et c’est un triste constat, l’histoire du sport n’a pas vraiment imprimé les mémoires, et donc là, effectivement, on a une grande confusion. Le nom de Zátopek dit vaguement quelque chose mais quoi au juste… On a tout entendu : ‘pourquoi le nom d’un clown russe ?’, ‘pourquoi le nom d’un révolutionnaire mexicain ?’, ‘pourquoi avez-vous appelé votre magazine du nom d’une tribu d’Amérique centrale ?’ puisqu’il y a là-bas les Indiens Zapotèques, il y a aussi le mot ‘Apotek’ qui veut dire ‘pharmacie’ en néerlandais… Bref, vous comprenez que, autour de ce nom de Zátopek, il y a une assez grande confusion chez les jeunes. Mais je me dis que c’est tant mieux si le titre du magazine permet d’attirer l’attention sur le personnage et de mettre un peu en lumière sa vie qui a quand même été tout à fait extraordinaire. »
Puisqu’il s’agit d’un nouveau magazine, est-ce que ce nom finalement mal connu comme vous venez de l’expliquer n’est pas un désavantage pour son lancement ?
« On a fait le pari que non, qu’on pourrait ramener de très beaux souvenirs en mémoire de ceux qui ont connu cette époque ou peut-être susciter des vocations pour apprendre à mieux connaître le passé parce, que pour n’importe quel passionné, pour n’importe quel passionné de sport, c’est important de savoir d’où on vient, de savoir quels ont été les pères de tous les exploits auxquels on assiste aujourd’hui. De ce point de vue-là, Emil Zátopek est un personnage tout à fait unique. Il a été précurseur dans de nombreux domaines, par exemple dans la façon de s’entraîner, puisqu’il a été un des tout premiers à faire la démonstration des bienfaits de l’entraînement fractionné, c’est-à-dire qu’il découpait la distance en plus courtes distances. Il s’entraînait pour un 5 000 mètres, mais pour cela il courrait des 400 mètres de façon répétée avec à chaque fois des périodes de repos entre les séries. Et ça, c’est une technique d’entraînement qui est aujourd’hui unanimement adoptée par tous les athlètes, mais Zátopek a été le premier. Et on pourrait multiplier les exemples de ce type : il était végétarien à une époque où on ne parlait pas beaucoup de végétarisme. Surtout, il a été très courageux, il a quand même vécu dans des conditions très difficiles, très pauvres. On s’est donc dit que baptiser notre magazine du nom de Zátopek était aussi une façon de mettre en lumière l’ensemble de ces qualités. »
Vous pourrez entendre la suite de cet entretien avec Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef du magazine « Zatopek » dans notre prochaine rubrique sportive, lundi.