Zdeněk Liška, le maître de la musique de film (1922-1983)
Zdeněk Liška est considéré comme l’un des compositeurs de musique de film tchèque les plus remarquables, non seulement en raison de l’ampleur de sa production, mais aussi par son originalité dans la façon de penser la musique. Ses œuvres accompagnent 160 films long métrage et des centaines de films courts et productions télévisées. Le 16 mars 2022, Zdeněk Liška aurait eu 100 ans.
Les drames historiques Marketa Lazarová, Obchod na korze (« Le miroir aux alouettes ») ou Spalovač mrtvol (« L’incinérateur de cadavres »), le film de science-fiction Ikarie XB-1 ou encore les séries policières Hříšní lidé města pražského (« Les gens pécheurs de la ville de Prague ») et 30 případů majora Zemana (« Les 30 affaires du commandant Zeman »)... ce ne sont que quelques exemples de l’œuvre du compositeur Zdeněk Liška. Sans sa musique, ces films – qui font partie des bijoux de la cinématographie tchèque – ne seraient certainement pas aussi forts.
Zdeněk Liška avait l’habitude de terminer sa composition sur la table de montage du film. Il y montait, accélérait ou ralentissait les bandes – qui comportaient en général des enregistrements orchestraux – de façon à correspondre à la dynamique de l’histoire du film. Sa sensibilité extraordinaire pour l’histoire, son caractère et son rythme sont souvent soulignés. Même les réalisateurs des films dont il composait la musique n’osaient pas s’immiscer dans son travail. A l’inverse, le compositeur proposait parfois de modifier le montage, contribuant ainsi au succès du film dans son ensemble.
« Il comprenait le film mieux que son réalisateur », a dit à propos de Zdeněk Liška le réalisateur Jiří Krejčík, qui avait travaillé avec lui à plusieurs reprises, notamment sur le film Vyšší princip (« Monsieur principe supérieur »). Zdeněk Liška a beaucoup travaillé avec l'animateur Jan Švankmajer. Par ailleurs, sa musique a retenu l’attention du chef d’orchestre autrichien de renommée mondiale Herbert von Karajan, qui a voulu lui commander une composition pour l’Orchestre philharmonique de Berlin. Mais Zdeněk Liška a refusé en expliquant qu’il « n’écrivait que sous des images ».