Zdeněk Velíšek, journaliste et chevalier
Mercredi, le journaliste spécialiste de la France et traducteur Zdeněk Velíšek et la danseuse et co-directrice du festival de danse Tanec Praha, Markéta Perroud, ont été faits Chevaliers dans l’Ordre des Arts et des Lettres, à l’ambassade de France, à Prague. Radio Prague vous propose à cet occasion un portrait de Zdeněk Velíšek, tandis que nous reviendrons sur la carrière de Markéta Perroud dans quelques temps, sur nos ondes.
Zdeněk Velíšek est né en 1933 et a derrière lui une longue carrière de journaliste de télévision débutée en 1968, au moment du Printemps de Prague, interrompue aussi net, avant de s’épanouir enfin après la Révolution de velours. Ses études d’espagnol, mais surtout de français, lui permettent alors de s’imposer comme correspondant principal de la Télévision publique tchèque pour la France. Zdeněk Velíšek se souvient, non sans une petite pointe de malice qui lui est propre :
« C’est le comble de ma joie aujourd’hui, car j’ai obtenu cet ordre comme une sorte de confirmation d’une réalité virtuelle. J’ai en effet réussi à me faire correspondant de la Télévision tchèque en France, pour de nombreuses années, virtuellement. Parce qu’en fait, j’étais ici, à Prague, je travaillais sur mes sujets à Prague. Je partais en France pour trois jours, une semaine ou deux semaines, je faisais mon reportage et je rentrais à Prague. »
Aujourd’hui, loin de songer à la retraite, Zdeněk Velíšek est plus actif que jamais. A côté de son travail de traducteur d’auteurs français, tels que le politologue Gilles Kepel, il continue d’intervenir pour la Télévision tchèque dans le cadre d’une émission d’analyse de l’actualité dans le monde ainsi que sur le site internet de la Télévision tchèque en animant un blog où il fait part de ses réflexions. Et c’est pour la Radio tchèque qu’il suit toujours activement tout ce qui se passe en France, des attaques terroristes à Charlie Hebdo au récent voyage de François Hollande dans les Caraïbes, en passant par la situation des Roms en France. Avec l’humilité qui lui est propre, Zdeněk Velíšek estime avoir pu rendre compte de l’actualité française en ne tombant pas dans l’écueil des clichés qui s’attachent à l’Hexagone :« C’est un travail pour lequel une seule vie ne suffit pas. Je dirais que cela nécessite une génération… de quelqu’un qui puisse me comprendre parfaitement et qui puisse continuer ce travail. Mais je crois que ça vaut la peine de faire revivre les temps où la Vltava avait une confluence avec la Seine. »
Peut-être parce qu’il est d’une génération pour qui le passé est tout aussi important que le présent, Zdeněk Velíšek rappelle volontiers l’âge d’or des relations franco-tchèques dans l’entre-deux-guerres, au temps de la Première République tchécoslovaque, non sans quelques regrets que celles-ci ne soient plus aussi intenses :
« C’est cela qui m’a inspiré à consacrer mon travail en partie à la France. J’y consacre toujours beaucoup de commentaires, car je ne fais plus de reportages, ce que je regrette beaucoup. Ce qui m’a inspiré pour tout cela, c’est l’intimité qui existe entre les deux cultures. Mais sous la Première République tchécoslovaque, ce n’était pas seulement la culture, il y avait un lien aussi dans l’armée, dans la politique… Cela a duré jusqu’à Munich. Après, malheureusement, tout cela a été gâché. »Européen convaincu, Zdeněk Velíšek ne se prive pas pour autant de critiquer une Union européenne qui tend parfois à oublier les valeurs sur lesquelles elle a été fondée, ni même les hommes politiques tchèques qu’il considère comme timorés lorsqu’il s’agit de promouvoir l’idée d’intégration européenne, par peur de perdre les voix de leurs électeurs. A 82 ans, Zdeněk Velíšek a toujours son mot à dire…