Zika : des scientifiques tchèques ont découvert le talon d’Achille du virus
La science tchèque peut se targuer d’un beau succès. Une équipe de chercheurs du Centre biologique de l’Académie des Sciences de République tchèque de České Budějovice et de l’Institut de recherche vétérinaire de Brno ont découvert des molécules qui semblent être efficaces contre le virus Zika. Il s’agit ainsi de la toute première fois qu’une substance a été identifiée comme permettant de lutter contre cette maladie.
C’est pour cette raison que des recherches sur ce virus sont actuellement effectuées un peu partout dans le monde. Qu’elles commencent à être fécondes se confirme avec la récente découverte de scientifiques tchèques. Le chef du laboratoire d’arbovirologie du Centre biologique de l’Académie des Sciences de République tchèque de České Budějovice, Daniel Růžek présente ces résultats qui pourraient être un vrai tournant dans le traitement des personnes atteintes de la fièvre Zika :
« Notre recherche concernait une quarantaine de substances, dont cinq se sont montrées efficaces. Ces molécules atteignent le cycle de réplication du virus. C’est-à-dire qu’elles ne détruisent pas le virus totalement mais qu’elles bloquent sa prolifération, ce qui est absolument essentiel. »L’arbovirologue poursuit en indiquant comment son équipe a mis le doigt sur ce travail :
« Notre laboratoire s’oriente depuis longtemps vers la recherche sur le virus de l’encéphalite à tique. On a cherché entre autre de potentiels antiviraux. Cette recherche concrète s’est étalée sur environ deux ans. Après avoir identifié des substances efficaces contre cette maladie, est apparue l’épidémie du virus Zika. Vu la proximité du virus Zika avec celui de l’encéphalite, nous avons donc supposé que les substances efficaces contre ce dernier pourrait marcher également contre le premier. Cette hypothèse s’est ensuite confirmée. »
Les effets de ces substances sur le virus Zika ont été examinés sur les cellules en culture. Développer un médicament à partir de ces substances représente toutefois, selon Daniel Růžek, un processus de longue haleine qui peut s’étaler sur une période de dix ou quinze ans et qui exige de gros investissements :« Pour l’instant, nous savons quel type de substances fonctionne et de quelle manière, ce qui est très important pour la recherche future. Nous allons donc proposer nos résultats aux entreprises pharmaceutiques. Le reste dépend de l’intérêt ou non que celles-ci trouveront à ces résultats et le cas échéant, du lancement d’essais cliniques. »
De plus, l’argent n’est pas le seul problème qui pourrait empêcher aux scientifiques de poursuivre les recherches en cours, comme l’explique le collègue de Daniel Růžek, le parasitologue Luděk Eyer :
« Ces molécules fonctionnent sur les cellules. Mais la question reste de savoir comment elles vont réagir dans des organismes vivants, chez les souris ou chez d’autres mammifères. Tout cela dépend de leurs caractéristiques qu’on ne connaît pas encore. Il n’est souvent pas possible d’appliquer ces substances dans les organismes vivants dans la forme sous laquelle elles ont été examinées sur les cellules. Il faut les modifier chimiquement afin de les distribuer plus facilement dans les organes et les tissus visés. Il y a donc encore un long chemin à parcourir. »Quoi qu’il en soit, ces résultats jouissent, depuis leur publication la semaine dernière, d’une reconnaissance étrangère. L’équipe, formée essentiellement de chercheurs âgés de moins de 35 ans, va renforcer sa coopération avec l’Institut de chimie organique et de biochimie de l’Académie des Sciences de République tchèque à Prague, ou encore avec des scientifiques japonais qui vont examiner les différentes mutations du virus et leur éventuelle résistance à ces substances.