Zlatuše Müller, photographe et scénographe
Photographe et scénographe, Zlatuše Josefa Müller est également la directrice du prestigieux Bohemian Carnevale, membre de la Fédération des villes de carnaval, fondé par son mari Rostislav Maria Müller, et cofondatrice de l’atelier Franzis Wussin.
Parmi les nombreux prix qu’elle s’est vue décerner, on peut citer le Prix Fotoprinsessan 1997 (Suède) ou Agfa European Portrait Award (Barcelone). Entre autres, elle a également réalisé la scénographie de Carmen au Théâtre sur la balustrade (Divadlo na zábradlí). Mystérieuse et fascinante, elle se présente lors des soirées mondaines le visage caché par un bon masque en brocard doré, d’où son surnom « Madame d’Or » :« Je porte mon masque pour assister aux activités dont j’estime qu’elles le méritent, par exemple lorsque je suis invitée en été aux garden parties, à la Fête de la musique ancienne organisée par le Collegium Marianum, au théâtre, ou lors de rencontres avec des mannequins du XXe siècle. J’ai d’ailleurs moi-même été mannequin pour la prestigieuse agence des années 70’ et 80’ ÚBOK. Je mets mon masque avec une robe de soirée. C’est un vrai plaisir car le visage mérite également de porter un habit prestigieux. Dans ces cas je suis la Dame d’Or, Aurélie, Aurelia avec un bon masque qui orne mon visage. » Zlatuše Josefa Müller, née à Brno, rêvait d’être chanteuse, peintre et finalement actrice, mais il n’en fut rien. Elle est devenue une photographe et une scénographe de renom. Elle a hérité son talent dramatique de sa grand-mère paternelle, Josefa, qui était comédienne et qu’elle ne voyait pas souvent mais qu’elle adorait. Cette dernière avait l’habitude de féliciter cette enfant qui réussissait quelque chose, ce qui est plutôt rare chez les adultes. Enfant unique, Zlatuše Josefa vivait dans son propre monde. Mais elle avait aussi beaucoup d’amis et avait un tempérament de meneuse. Dès son plus jeune âge, elle a fait de très beaux dessins. Zlatuše Josefa Müller évoque ses souvenirs d’enfance :« C’est toujours beau de s’asseoir de temps en temps et de faire revivre ses souvenirs d’enfance. On parle de ces beaux moments seulement en famille ou lorsque quelqu’un vous pose la question. Les premiers souvenirs d’enfance les plus intenses qui me reviennent, c’est lorsque j’étais assise à table dans la cuisine et que je dessinais des princesses aux longs cheveux, vêtues de magnifiques robes. C’était les mêmes robes que l’on confectionne à l’atelier : jupes volumineuses, taille serrée, bref, féeriques. Je vivais dans un monde imaginaire que je m’étais créé et dans lequel je vis encore aujourd’hui. » A treize ans, elle est déjà une belle jeune fille qui désire plaire. Elle a grandi sous le régime totalitaire. Dans les magasins il n’y avait pratiquement pas de vêtements ou seulement des habits démodés et sans valeur. C’est à cette époque qu’elle se lance dans la couture. D’abord, elle n’ose faire que des jupes longues et droites, puis suivent les minis qu’elle transforme au fur et à mesure en manches de robes ou de chemisiers. C’est la mère de Zlatuše qui décide d’envoyer sa fille étudier à l’école d’économie de Brno, section secrétariat et travail administratif. Zlatuše est une excellente étudiante et profite bien de son temps libre. Elle entre au studio d’enfants du Théâtre sur une corde (Divadlo na provázku) et se consacre avec passion à l’art dramatique. Brno était une ville d’art et il était facile d’y rencontrer des artistes renommés. Après ses études secondaires elle essaie d’entrer à l’Académie des arts dramatiques (DAMU), section dramatique, mais n’est pas admise. Son handicap est qu’elle refuse absolument d’écouter les réalisateurs et les metteurs en scène. A cette époque, elle réalise déjà ses propres créations, projets et modèles. Elle décide alors de partir avec son ami à Prague où ce dernier est admis à l’Ecole supérieure des arts décoratifs (UMPRUM). Elle ne connaît personne et doit se débrouiller seule. Elle a l’idée de présenter à un Centre culturel prestigieux de Prague le projet les Femmes minces (Štíhlice) qui est un défilé de mode mêlé à du théâtre. Elle trouve les mannequins à l’Ecole des Arts Décoratifs. Pendant un mois elle ne dort presque pas et passe ses nuits à confectionner des créations extravagantes. Le succès est énorme et on en parle encore aujourd’hui. Finalement, Zlatuše Josefa arrive à entrer à l’Académie des arts dramatiques, section scénographie. C’est à cette époque qu’elle commence à apprendre à faire de la photo. Elle passe beaucoup de temps à chercher la bonne température du révélateur et le temps nécessaire pour laisser la photo dans le bain de fixage. C’est lorsque qu’elle prépare son mémoire de fin d’études et se prépare à partir en Italie, que Zlatuše fait la connaissance de Rostislav Maria Müller, son futur mari :« C’était au club Radost FX. Il est très important dans ma carrière et dans ma vie. En 1995, j’y ai exposé mes photos pour la première fois. J’ai été choisie par la propriétaire du club Bethea Zoli parmi de nombreuses candidates. Je désirais rencontrer quelqu’un. Soudain j’ai aperçu près de la piste un jeune homme. Il portait un bonnet et je ne voyais pas son visage. Je suis venue vers lui, j’ai pris sur la table, car il y avait un buffet, une feuille de salade et j’ai commencé à chanter la chanson que l’on jouait. Il m’a regardée en me disant : il faut prendre un micro et il m’a tendu une carotte. J’étais fascinée et me suis dit c’est lui, il est comme moi. Ce fut le coup de foudre. Puis j’ai déménagé pour six mois en Italie et j’ai beaucoup voyagé. Finalement Rostislav Maria me manquait et je suis retournée à Prague. Nous nous sommes fiancés et avons pris une photo ensemble à l’occasion des fiançailles. Depuis nous faisons tout ensemble, nous sommes inséparables comme des jumeaux. » Et ensuite, comme dans un conte de fée, Zlatuše Josefa a épousé Rostislav Maria Müller. C’est elle-même qui a confectionné sa robe de mariée avec 13 mètres de tissu brillant qu’elle avait acheté comme coulisse pour faire des photos.
Artiste et mère de deux magnifiques enfants, Amon Re et Elektra, Zlatuše Maria Müller est la Grande Dame du Carnaval de Prague.