100 ans d’égyptologie en Tchéquie

Photo: L’Institut tchèque d’égyptologie

Cette nouvelle revue de presse s’intéressera d’abord à l’égyptologie tchèque qui fête cette année son centenaire. Elle se penche ensuite sur la nouvelle donne pour l’opposition en Tchéquie et s’intéresse à certains aspects du conflit entre Pékin et Prague. Quelques mots aussi au sujet de la passion pour le basket-ball qui a envahi la Tchéquie en lien avec les belles performances des basketteurs tchèques au récent mondial en Chine. Il sera également question de la participation d’un média local à un projet pour le climat.

Photo: L’Institut tchèque d’égyptologie
« Grâce aux activités et aux sacrifices de plusieurs générations de scientifiques, Prague est devenu un pays à la pointe des études consacrées à l’Egypte antique. » Un constat dressé dans le supplément de samedi dernier du quotidien Lidové noviny, en lien avec le centenaire de l’égyptologie tchèque, par l’égyptologue Miroslav Bárta. Dans un texte consacré à ce sujet, il rapporte :

« L’Institut tchèque d’égyptologie qui a été fondé en 1958 a connu des périodes difficiles. Au début de la ‘normalisation’, les autorités communistes envisageaient de stopper les études consacrées aux sociétés ‘basées sur l’esclavage’. Dans une mesure très limitée, il a réussi tant bien que mal à résister, mais l’ensemble de l’égyptologie a vécu pendant des années une véritable mort clinique. A l’époque les cours d’égyptologie donnés à l’université étaient également très limités. Ils ont retrouvé un nouveau souffle à partir de 1989. Aujourd’hui, ils accueillent tous les deux ou trois ans une dizaine de nouveaux étudiants. »

L’égyptologie tchèque est une discipline qui n’a plus besoin d’assimiler des tendances mondiales, car c’est elle-même qui cherche à les définir et à les diriger. En effet, les résultats de ses recherches sont d’un grand intérêt non seulement pour les disciplines scientifiques apparentées, mais aussi pour différents groupes et association locales. Le texte indique en conclusion :

« L’entrain et le travail assidu de plusieurs générations d’égyptologues tchèques ont été couronnés par des découvertes au retentissement international. La dernière de cette série de découvertes uniques à l’échelle mondiale, est celle du tombeau de Khairès, un des grands sages de l’ère des bâtisseurs de pyramides. Elle remonte à 2018. »

Une nouvelle donne pour l’opposition

Andrej Babiš,  photo: ČTK/Ondřej Deml
Les partis de l’opposition, à quelques exceptions près, ne savent pas comment réagir de manière adéquate à la décision du Parquet de Prague de ne pas mettre en accusation le Premier ministre Andrej Babiš. Celle-ci est tombée après une enquête de quatre ans sur des soupçons de fraude aux subventions européennes. C’est du moins ce qu’estime le commentateur du site info.cz qui précise :

« Ces dernières années, presque tous les acteurs ont investi un trop grand capital politique dans la critique de Babiš en lien à l’affaire du Nid de cigognes. Pourtant, au moins depuis les élections de 2017, il s’est avéré que la carte anti-Babiš ne fonctionnait pas. Désormais, les coulisses du conflit politique en Tchéquie ont changé ce qui, paradoxalement, pourra profiter aux partis non-gouvernementaux. On ne saurait effectivement exclure que les politiciens qui refusaient de former avec Andrej Babiš une coalition ne changent d’avis. On peut, par exemple, s’attendre au renforcement des voix pragmatiques au sein du Parti civique démocrate (ODS), principale formation de droite du pays, en faveur d’une telle possibilité. »

Le commentateur admet cependant qu’il ne s’agit là que de spéculations prématurées. Lors des élections régionales à l’automne prochain, l’opposition aura l’occasion de tester sa condition et sa fiabilité, ainsi que sa capacité de rivaliser avec le mouvement ANO d’Andrej Babiš pour les sympathies des électeurs.

Les leçons à tirer du conflit entre Pékin et Prague

La Philharmonie de Prague,  photo: Site officile de la Philharmonie de Prague
Cette semaine, la Philharmonie de Prague devait entamer une tournée en Chine de quatorze concerts. Son annulation, tout comme celle concernant d’autres ensembles tchèques incluant le nom de « Prague » est une réaction de Pékin à la décision de la municipalité de Prague et du maire Zdeněk Hřib, de modifier l’accord de coopération entre les deux capitales de façon à ce qu’il ne comporte plus la clause sur la Chine unique. L’auteur d’un blog mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire Respekt a remarqué à ce propos :

« Il y a quelques jours, la Philharmonie tchèque a inauguré sa saison de concerts à la Maison municipale de Prague. On peut se féliciter de la présence à cet événement de hauts représentants de la municipalitté de Prague. Les grands absents, c’étaient les représentants du gouvernement et du Parlement dont au moins quelques-uns auraient pu faire preuve de bon goût en exprimant leur soutien à la culture pragoise et en transmettant à Pékin le message qui dit que sa pratique est inacceptable pour un pays ‘normal’. Avec des arguments ridicules, le verdict de Pékin illustre ce que la direction communiste est capable de faire lorsqu’une décision tchèque lui déplait. »

Ainsi, les Pragois ne sont pas les bienvenus à Pékin. Un message, selon l’auteur du blog, que ceux-ci sont appelés à prendre au sérieux.

La Tchéquie au temps de la « basketmania »

L'équipe nationale tchèque de basket-ball,  photo: ČTK/Vít Šimánek
Le succès des Tchèques, arrivés sixièmes du mondial de basket qui s’est terminé samedi dernier en Chine, a été commenté même par les périodiques qui, d’habitude, n’accordent que peu de place au sport. Ce n’est guère étonnant : la performance de la Reprezentace tchèque est le plus grand événement sportif de l’année. Comment l’équipe qui ne comptait en son sein, à l’exception de Tomáš Satoranský de la NBA, aucun membre d’un prestigieux club étranger, a-t-elle réussi à éliminer ses adversaires plus célèbres ?, s’interroge, par exemple, le quotidien Deník N avant d’expliquer :

« D’abord, c’est l’esprit collectif, une qualité typiquement tchèque, que la Reprezentace a su mettre parfaitement en valeur qui a permis ce résultat sensationnel. L’aplomb et la sûreté sont en revanche les qualités dont les athlètes tchèques ne sont pas habituellement dotés et qui, pourtant, au fil des matches remportés, ne leur a pas manqué. La sélection n’a pas décroché de médaille, il est vrai, mais sa réussite se range aux côtés des plus grands succès tchèques remportés en sports collectifs, parmi lesquels on notera notamment la victoire des hockeyeurs aux Jeux Olympiques d’hiver de Nagano en 1998 ou celle des footbaleurs aux championnats d’Europe en 1996 et 2004. »

Pour l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt, la performance des basketteurs tchèques signifie plus qu’une émotion sportive momentanée :

« Le succès d’un outsider représente toujours un miracle. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de basket-ball qui n’est pas le sport le plus populaire en Tchéquie, cette place privilégiée appartenant au hockey sur glace, au football ou encore au tennis. Or, les basketteurs qui ne sont pas des stars, ont enchanté le public par leur façon de communiquer avec les journalistes et leurs fans. Reste à espérer que leur succès inspire les enfants et que le basket reprenne en Tchéquie la place qui lui appartient. »

Les médias pour le climat

Le journal en ligne Deník Referendum est l’unique média tchèque qui participe à l’action pour le climat appelée Covering Climate Now dans laquelle près de 250 médias du monde sont impliqués. Organisée par le magazine américain The Nation et la revue Columbia Journalism Review, elle a pour but d’encourager à la veille du sommet climatique de l’ONU à New York l’intensité et la qualité des informations sur le changement climatique, « le problème le plus brûlant de notre époque ».

Outre le magazine en ligne tchèque, le journal slovaque Dennik D et le journal hongrois Index sont les seuls médias de la région à être partenaires du projet. Deník Referendum précise dans ses pages que « pendant toute la semaine de la durée de l’action qui a démarré ce mercredi, il entend publier quotidiennement au moins deux textes se rapportant au changement climatique, une édition spéciale étant prévue pour ce vendredi 20 septembre, jour de la grève mondiale pour le climat. »

« Une évidence pour un journal qui considère la crise du climat comme un de ses sujets phares », souligne son rédacteur en chef.