140 ans depuis la première de Ma Patrie, chef-d’œuvre de Smetana

Ma Patrie de Bedřich Smetana, la partition de 'Vltava'

Le cycle de poèmes symphoniques Ma patrie du compositeur Bedřich Smetana, vient de célébrer le 140e anniversaire de sa première interprétation en public, le 5 novembre 1882, sur l’île Žofín, à Prague.

Bedřich Smetana | Photo: e-Sbírky,  Musée national,  CC BY-NC-ND

Les légendes et l’histoire de la nation tchèque, les paysages et les lieux mémorables du pays - tels étaient les sujets que Bedřich Smetana (1824-1884) a choisis pour son cycle de six poèmes symphoniques, Ma patrie. La maturation de cette œuvre s’étend sur une longue période. Le compositeur a achevé les partitions entre 1874 et 1879, époque où il a complètement perdu l’audition.

L'écho de vieilles légendes tchèques se fait entendre dans le poème qui porte le nom de Vyšehrad, rocher abrupt sur lequel se dressait la première résidence des princes de Bohême. Le motif majestueux de Vyšehrad confié à la harpe revient ensuite dans les autres parties du cycle, dont la Vltava, poème le plus célèbre de la série et une des compositions tchèques les plus connues dans le monde.

Vyšehrad,  source: Éd. Fr. A. Urbánek

Avec une grande richesse mélodique, Smetana glorifie la rivière qui traverse presque toute la Bohême pour se jeter dans l’Elbe.

Pour le poème Šárka, le compositeur s’est inspiré d’une légende tchèque des plus étonnantes, celle qui raconte la révolte des femmes insurgées contre la suprématie des hommes. Le prince Ctirad tombe amoureux de la belle Šárka qui va le trahir et le noyer, lui et ses compagnons, dans le sang.

Le poème Par les bois et les prés de Bohême (Z českých luhů a hájů) est un hommage éclatant au paysage tchèque et aux danses populaires.

Le cycle Ma Patrie s’achève par une évocation des guerres hussites dans Tábor et la résurrection de la nation tchèque dans Blaník.

L’affiche pour 'Ma patrie' de l’année 1882 | Photo: Otakar Šourek,  Smetanova 'Má vlast': její vznik a osudy. Praha,  Topičova edice,  1940/Wikimedia Commons,  public domain

La première audition de Ma patrie, en 1882, a été un triomphe. Smetana était déjà sourd et perdait son combat héroïque contre la maladie qui devait l’emporter deux ans plus tard. Comme Beethoven, il était condamné à ne jamais entendre les plus belles œuvres de sa vieillesse.

Aujourd’hui, Ma patrie possède un statut particulier, puisqu’elle a essentiellement résonné lors des moments marquants de la vie du peuple et de l’Etat tchèques. L’Orchestre philharmonique tchèque l’interprète également chaque année en ouverture du festival Le Printemps de Prague, qui débute traditionnellement à la date du jour anniversaire de la mort du compositeur, le 12 mai 1884.

Dans cette émission musicale, nous vous proposons d’écouter deux poèmes de ce cycle dont on ne se lassera jamais : Šárka et Blaník.