1968 : les plus désespérés sont les chants les plus beaux

Marta Kubišová en 1968

Hana Hegerová, Marie Rottrová, Psí vojáci : la semaine écoulée a été riche en tristes nouvelles pour la musique tchèque. « La Piaf tchèque » Hana Hegerová, une autre chanteuse très populaires de la seconde moitié du XXe siècle Marie Rottrová et le groupe culte de la période de l’underground Psí vojácí, littéralement « Les soldats chiens », ont tous annoncé, après des dizaines d’années passées sur scène, qu’ils mettaient un terme à leur activité. A tous, nous consacrerons prochainement une rubrique. Mais en ce dimanche 21 août, les Tchèques se sont d’abord souvenus qu’il y a 43 ans de cela, dans la nuit du 20 au 21 août 1968, leur pays a été envahi par les troupes du Pacte de Varsovie, les chars soviétiques mettant alors un terme à la politique de démocratisation appelée Le Printemps de Prague.

Pour les Tchécoslovaques, l’année 1968 restera l’année de tous les espoirs, une espérance suivie d’une violente désillusion qui aura duré jusqu’à la chute du régime communiste en 1989. Cette rubrique sera donc consacrée à quelques-unes des chansons qui ont suivi cet événement tragique. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots », affirmait Alfred de Musset dans son poème tourmenté « La Nuit de Mai ». Et cette citation vaut assurément pour quelques-unes de ces chansons et d’abord pour celle intitulée « Modlitba pro Martu » - « Une prière pour Marta », de Marta Kubišová. Une chanson qui est rapidement devenue le symbole de la résistance du peuple tchèque à l’occupation du pays avant d’être interdite de diffusion à la télévision et à la radio…

Bien d’autres chansons ont également été écrites dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi, certaines plus que d’autres encore étant restées gravées dans les mémoires jusqu’à aujourd’hui encore. En voici donc une petite sélection avec d’abord « Bratříčku, zavírej vrátka » - « Petit frère, ferme la porte », de Karel Kryl, suivie de « Běž domů, Ivane » - « Rentre chez toi, Ivan », de Jaromír Vomáčka, du « Requiem » d’Eva Pilarová, de « Krysař » - « Le ratier » de Waldemar Matuška, « Přejdi Jordán » - « Traverse le Jourdain », d’Helena Vondráčková, de « Píseň o mé zemi » - « Chanson sur son pays », de Karel Černoch, ou encore « Ticho » - « Silence », de Bohdan Mikolášek, une chanson écrite, elle, après la mort de Jan Palach au début de l’année 1969…