25 août 1968 : manifestation sur la Place rouge contre l'invasion de la Tchécoslovaquie
Extrait des informations diffusées sur France Inter le 25 août 1968 : « Jean-Claude Bourret, une nouvelle de toute dernière minute ? - Oui, c’est un télégramme qui nous vient de Moscou : quatre personnes au moins ont été arrêtées aujourd’hui sur la Place Rouge par des policiers en civil en rapport avec une protestation préparée par des intellectuels moscovites contre l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie »
« La Place Rouge était quasiment vide quand nous sommes arrivés, il y avait seulement quelques touristes. Nous nous sommes assis et avons lu nos slogans. D’un seul coup, des agents du KGB ont commencé à courir dans notre direction et à nous frapper. Une femme m’a tapé sur la tête avec un sac rempli de livres. Mon ami Viktor Fajnberg était assis à côté de moi et quatre de ses dents ont sauté après avoir reçu des coups de pied.
Des gens ont fini par s’approcher, ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Nous leur avons expliqué que nous étions des citoyens soviétiques et que nous protestions contre l’occupation de la Tchécoslovaquie. Les agents du KGB ont fini par nous embarquer et un quart d’heure après nous étions au commissariat. Nos appartements ont été fouillés puis j’ai été emmené dans une prison du KGB de Moscou. J’y ai passé plusieurs mois avant d’être jugé et condamné à cinq ans dans les mines de Sibérie, où j’ai travaillé comme électricien.
En 1973, je suis retourné à Moscou après ma libération mais j’ai continué à être harcelé par le KGB en reprenant mes activités. J’ai été de nouveau arrêté et ils m’ont dit que j’avais intérêt à demander un visa de sortie si je ne voulais pas être envoyé dans un camp de travail aux conditions bien pires. »Pavel Litvinov, qui a émigré aux Etats-Unis en 1974, fait partie des neufs dissidents de plusieurs pays communistes qui avaient manifesté leur opposition à l'invasion de la Tchécoslovaquie et ont été décorés cette semaine par le Premier ministre tchèque. Mirek Topolánek a tenu à les remercier personnellement pour leur courage, quarante ans après.