28 ans depuis le premier vol dans l'espace du Gagarine tchèque

Vladimir Remek

Les Tchèques aussi ont leur Gagarine : le 2 mars, cela faisait 28 ans depuis le vol dans l'espace du tout premier cosmonaute tchécoslovaque, Vladimir Remek. Une équipée spatiale en duo avec un cosmonaute soviétique qui était motivée par des objectifs scientifiques, mais non dénuée d'un arrière-plan politique.

Aujourd'hui, Vladimir Remek, est âgé de 58 ans, et il y a deux ans, il était candidat du Parti communiste de Bohême et de Moravie aux élections européennes. Même s'il n'en est officiellement plus membre, sa personnalité en tant que figure historique d'une époque révolue et le symbole qu'il représenta doivent avoir joué en sa faveur, car il a été élu eurodéputé, notamment avec les voix des électeurs du PC. Dans la guerre idéologique de la conquête des étoiles qui faisait rage entre l'Union soviétique et les Etats-Unis durant la guerre froide, se glissaient d'autres enjeux internes au bloc de l'Est également. Alors, peut-être n'était-ce pas tout-à-fait un hasard si, à l'approche des 10 ans de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1968, la Tchécoslovaquie avait été choisie en premier parmi les représentants de tous les pays du Pacte de Varsovie. On insista alors sur l'apport indiscutable de l'expérience des scientifiques tchèques dans des domaines tels que la radiation solaire, mais nul doute que l'image d'une collaboration amicale entre un cosmonaute tchèque et son collègue soviétique, ainsi que la mise en valeur de la Tchécoslovaquie pouvaient avoir des vertus idéologiques pour calmer d'éventuelles ardeurs à la révolte.

Alexeï Goubarev et Vladimir Remek
A l'époque, l'équipage du vaisseau spatial Soyouz 28, qui décolla de la base soviétique de Baïkonour, était commandé par Alexeï Goubarev, et le pilote Remek devint le premier citoyen issu d'un autre état que les deux grandes puissances spatiales et concurrentes à aller dans l'espace. En tout cas, le programme Interkosmos qui chapeautait l'ensemble du projet, était en soi un objet de propagande. Cela n'empêcha pas, néanmoins, que soient menées des expériences scientifiques, expériences que Remek testa d'ailleurs sur lui-même, notamment dans le cadre d'essais sur des appareils médicaux.

Le vol du premier cosmonaute tchécoslovaque s'acheva quelque sept jours après le décollage du vaisseau, et le retour sur le plancher des vaches se fit alors sans encombres. La suite de l'histoire ? Un retour à la vie civile et l'utilisation de son image comme vitrine des « exploits » du régime communiste. De toute évidence, le cosmonaute reconverti en entrepreneur après 1989, et aujourd'hui en eurodéputé, tire toujours les fruits de cette unique virée dans les étoiles.