34 ans depuis l'occupation de la Tchécoslovaquie, le 21 août 1968

Août 1968

34 ans nous séparent de la nuit fatidique du 20 au 21 août 1968, où les armées des 5 pays du pacte de Varsovie ont franchi illégalement la frontière de la Tchécoslovaquie pour étouffer par la force le processus de démocratisation connu sous le nom, Printemps de Prague.

Août 1968
34 ans nous séparent de la nuit fatidique du 20 au 21 août 1968, où les armées des 5 pays du pacte de Varsovie ont franchi illégalement la frontière de la Tchécoslovaquie pour étouffer par la force le processus de démocratisation connu sous le nom, Printemps de Prague. Par la force d'un demi-million de soldats et de 7000 tanks, Moscou a mis fin à la tentative d'édifier le socialisme à visage humain. Pour les jeunes, l'événement fait partie de l'histoire. Pour la génération moyenne et plus âgée, le 21 août reste une date qui ne tombe pas dans l'oubli.

Voilà la fameuse chanson de Karel Kryl associée dans tous les esprits au souvenir de l'invasion: Mon petit frère ne pleure pas, ce ne sont pas des spectres, ce ne sont que des militaires qui sont venus en roulotte de fer. Mon petit frère ferme la porte il pleut et le soir tombe, cette nuit ne sera pas courte, le loup a envie de l'agneau, mon petit frère ferme la porte...

Août 1968
Une heure avant minuit, le 20 août 1968, l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes de l'URSS, de la Pologne, de la Bulgarie, de la RDA et de la Hongrie, pays frères à l'époque, a commencé. Leurs armées ont envahi notre pays par des voies aériennes et terrestres. Moscou a ainsi répondu au processus engagé en Tchécoslovaquie et visant l'édification du socialisme à visage humain. Processus avancé en avril 1968 par la personnalité charismatique du Printemps de Prague, Alexander Dubcek. Dans ce processus, il s'agissait de maintenir le rôle dirigeant du parti communiste, mais d'introduire certaines réformes en vue des libertés individuelles. L'invasion a mis fin à cette tentative et à une courte période de dégel que les Tchécoslovaques ont vécu, en 1968. La population était prête à la défense de son pays. Comme d'habitude dans des moments difficiles de la nation, des gens se rassemblaient sur la place Venceslas et devant le bâtiment de la Radio tout proche. C'est ici, que les premiers coups de fusil ont été tirés. La première journée de l'occupation, 15 personnes sont mortes devant la Radio, tuées par des balles de l'armée soviétique. Ce 21 août, le parti communiste a condamné, par une déclaration lue à la Radio, l'intervention comme un acte contraire au droit international. Le ministère des Affaires étrangères a fait appel aux ambassades des 5 pays frères pour protester énergiquement auprès de leurs gouvernements afin qu'ils mettent fin à l'occupation illégitime. Au soir du 21 août, un haut fonctionnaire du KGB, Vinokurov, a confirmé à la centrale de la StB que les alliés étaient obligés d'occuper la Tchécoslovaquie puisque son gouvernement n'était pas en mesure de réprimer la contre-révolution.

Devant la Radio
Les 23 - 26 août, des dirigeants tchécoslovaques internés ont été escortés en train à Moscou. Ici, sous une pression psychologique et même physique, ils étaient contraints de signer le protocole annulant le processus de renouveau. Le bloc socialiste devait rester sans changement et sous le diktat soviétique. Tous les dirigeants ont fini par capituler, à une exception près: Frantisek Kriegel, qui a refusé de signer le honteux protocole. De retour à Prague, la direction espérait pouvoir mener une politique de compromis. Cette espérance s'est montrée naïve. Dorénavant, les choses se dérouleront dans la mise en scène de Moscou. Les hommes du Printemps de Prague ont été éliminés de leurs fonctions. La nouvelle réalité a été scellée en octobre 1968, lorsque l'Assemblée nationale a voté le traité sur le séjour temporaire des troupes soviétiques. Ce document a marqué une rupture nette et ouverte entre la direction de l'Etat et la volonté des citoyens. La défaite a été achevée par l'adoption des documents sur la normalisation de la société. Gustav Husak a été installé à la direction du pays devenu satellite de Moscou.

L'invasion a marqué la vie du pays et de ses habitants pour de longs 22 ans. L'occupation soviétique a fait 72 morts et plus de 700 blessés. L'étouffement du processus de démocratisation en 1968 a provoqué, pareillement qu'en 1948, une vague d'émigration que seule la fermeture des frontières, en 1969, a arrêté. Lors de la période dite de normalisation, dans le cadre des purges communistes, 326 000 membres du PCT, d'intellectuels notamment, ont été exclus du parti. Plus de 300 000 personnes ont été écartées de la vie publique. 350 000 autres ont été licenciées ou déplacés à des postes subalternes. 34 ans après l'occupation et 13 ans après la chute du communisme, les dirigeants tchécoslovaques au pouvoir en 1968 vivent toujours impunis. Sur les 13 personnes inculpées de haute trahison en rapport avec les événements d'août, 3 seulement ont fait face à cette inculpation, sans pourtant être condamnées: Milos Jakes et Jozef Lenart, pour avoir essayé de légaliser l'entrée des armées d'occupation par la création d'un gouvernement ouvrier-paysan, et Karel Hoffmann pour avoir ordonné d'arrêter les émissions radiophoniques et télévisées, lors des journées dramatiques d'occupation.