450 ans de présence des jésuites dans les pays tchèques
Cette année, 450 ans se sont écoulés depuis la mort de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. La même année, donc en 1556, l'Ordre des jésuites est venu s'établir dans les pays tchèques. Une exposition et une conférence internationale sont consacrées à cet événement... Alena Gebertova.
C'est par ces paroles que Ludwig Armbruster, doyen de la Faculté de théologie catholique de Prague a ouvert, mardi, la conférence qui réunit ces jours-ci à Prague une centaine de théologiens et chercheurs de différentes disciplines. Porter un regard pragmatique et objectif sur un ordre qui, aux yeux d'une grande partie des Tchèques, constituait un symbole de la contre-Réforme, d'un certain obscurantisme et fanatisme, se présente donc comme l'un des objectifs de la conférence... Parler vrai des jésuites en Tchéquie, c'est parler aussi, et probablement avant tout, de leur contribution à l'épanouissement spirituel, culturel et scientifique du pays. Un regard objectif sur les jésuites étant pourtant de rigueur, le doyen Armbruster a ajouté :
« Les jésuites n'ont pas été et ne sont pas des êtres qui auraient vécu hors du temps. Ils furent bien les fils de leur temps. Les traces qu'ils ont laissées dans l'histoire de la religion et de la culture sont donc ambiguës. D'où la nécessité de donner une image vraie des jésuites, répondant dans la mesure du possible à la réalité ».L'histoire des jésuites dans les pays tchèque commence à s'écrire le 12 février 1556 lorsqu'une douzaine de jésuites quittent Rome pour se rendre, via Vienne, à Prague, où ils arrivent plus de deux mois plus tard. Sur l'emplacement d'un ancien monastère dévasté, ils fondent un grand collège, Collegium Clementinum, avec l'église Saint-Sauveur avoisinante, devenue plus tard une « église universitaire ». Dans les années vingt du XVIIe siècle, l'ordre des jésuites arrive même à gérer, pendant un certain temps, l'Université Charles de Prague. Une preuve des plus marquantes du rôle que ses membres ont joué dans le domaine de l'enseignement. Petr Kolar, vice-président du Conseil audiovisuel de la radio :
« Ils ont fondé énormément d'écoles, au XVIIIe siècle, ils avaient presque soixante collèges en Bohême et en Silésie, c'est un chiffre énorme. Ils ont aussi, par exemple, travaillé dans le domaine de la Santé, ils ont fondé des pharmacies, on dirait des pharmacies des pauvres, partout il y avait un collège et puis, surtout, l'enseignement supérieur, Clementinum, qui a aujourd'hui 450 ans, était un lieu de formation universitaire. Après les guerres de religion, il n'y en avait pas d'autre en Bohême, en ce moment-là ».Jésuite, Petr Kolar estime pourtant à son tour que la trace des jésuites dans les pays tchèques est ambiguë. Il vous donnera plus d'explications dans le Miroir de la société, ce jeudi 27 avril.