50 ans depuis le vol spatial de Youri Gagarine
Le 12 avril 1961, le premier homme volait dans l’espace. Cet homme, c’était le Russe Youri Gagarine, et son nom reste associé à la conquête spatiale comme celui de l’Américain Neil Armstrong pour ses premiers pas sur la lune. Il y a 50 ans, donc, le nom de Gagarine s’inscrivait dans l’histoire et une exposition à Prague rappelle cet événement.
1 heure et 48 minutes, c’est le temps que Youri Gagarine passa, à l’âge de 28 ans, en orbite autour de la Terre, dans le module Vostok 1. Un vol qui aurait pu mal tourner puisque, lors de sa redescente, le module ne se détacha pas immédiatement. Finalement, Gagarine parviendra à s’éjecter de la capsule en parachute, même si les Soviétiques tenteront de dissimuler l’incident. Gagarine devient un héros mondial, d’Est en Ouest, et sillonne le monde.
Jan Kolář, directeur de l’Agence spatiale tchèque, n’hésite pas à comparer le vol de Gagarine à l’expédition de Christophe Colomb… avec quelques nuances toutefois :
« Il y a similitude parce qu’il s’agit d’une expédition de la civilisation d’alors, de l’Ancien monde, l’Europe en des lieux où les Européens n’étaient jamais allés. C’était une expédition vers l’inconnu. Pour Gagarine, c’était la même chose : une expédition dans l’inconnu, en des lieux où personne n’était jamais allé et sans savoir ce qui l’y attendait. Mais c’est différent aussi dans le sens où c’est autre chose de voguer sur les mers que de voler dans l’espace. Du point de vue technique et de l’environnement, c’est incomparable. La difficulté est bien plus grande dans le cas d’un vol spatial. »
Ce mardi, à Prague, a été ouverte une exposition à l’Observatoire Štefaník, perché sur les hauteurs de la colline de Petřín. Là, une réplique du célèbre module Vostok 1 est à voir et on s’étonne presque de voir la simplicité du tableau de bord, presque moins compliqué que celui des voitures actuelles.
L’exploit de Youri Gagarine a fait le tour du monde et a contribué à créer une émulation sans précédent entre les deux grandes puissantes mondiales de l’époque. Car en plus de l’exploit technique, le mythe Gagarine est allé de paire avec une propagande bien ficelée de la part de l’Union soviétique, comme le rappelle Jan Kolář :
« Toute l’astronautique et les débuts de l’ère cosmique, c’est-à-dire les années 1960, s’inscrivent dans le contexte politique de l’époque, la Guerre froide. Les deux grandes puissances mondiales de l’époque ont réalisé que l’astronautique pouvait être un instrument convaincant et efficace pour faire preuve de ses capacités vis-à-vis de l’autre système. Le vol de Gagarine a été sans aucun doute un excellent moyen de ce genre. En URSS, mais aussi dans tout le bloc de l’Est, ça a été présenté comme un succès du régime socialiste. En effet ça a été un grand succès, mais on peut se demander dans quelle mesure c’était du fait du régime. »
Dans son tour du monde, Youri Gagarine se rendra, le 28 avril 1961, en Tchécoslovaquie, premier pays à l’accueillir après son vol spatial. Une chanson célèbre, « Bonjour, major Gagarine », sera d’ailleurs composée à l’époque en son honneur, comme c’était souvent de coutume dans ce régime communiste fervent du culte de la personnalité. Une chanson qui est néanmoins restée connue à travers les années... Tant et si bien qu’elle s’est vue remixée par un chanteur pop et rien moins qu’une ancienne ministre de la Défense, ardente partisane du projet avorté de base radar américaine en République tchèque.
Comme le relève justement Zbyněk Petráček, dans le quotidien Lidové noviny, Youri Gagarine fut une « icône pop » de l’ère soviétique. Malgré la fracture idéologique Est-Ouest, il devint un mythe pour toute une génération, quel que soit le pays. Et tout comme les pop-stars, il disparut prématurément à l’âge de 34 ans, laissant derrière lui « l’image d’un éternel jeune homme, conquérant de l’espace ».