68 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale
Il y a 68 ans jour pour jour que s’est officiellement terminée la Seconde guerre mondiale en Europe, par la signature de la capitulation des représentants de l’Allemagne nazie à Reims. Même si les coups de feu n’avaient pas encore entièrement cessés le 8 mai 1945, les six années de souffrance liées à la guerre approchaient de leur fin. De nombreux rassemblements ont eu lieu ce mercredi en République thèque afin de commémorer cet évènement historique
Le 8 mai est la date officielle de la libération des pays européens occupés par les armées allemandes. Or la plupart des territoires tchèques, notamment le centre de la Bohême, étaient encore à cette date en plein combat. C’est l’armée soviétique qui a progressivement libéré la plupart des territoires de l’Est de la Tchécoslovaquie, mais c’est la Troisième division américaine du Général Patton qui a, quant à elle, libérée la partie Ouest du pays. Or à partir de 1951, la Tchécoslovaquie ne célébrait plus que la libération du pays par l’armée soviétique, et ce le 9 mai, en omettant volontairement la libération par l’armée américaine. L’historien Tomáš Jakl, de l’Institut de l’histoire militaire explique à partir de quel moment il a été possible pour les historiens de faire pression sur l’État tchèque pour que les circonstances entourant la libération de la Tchécoslovaquie soit entièrement reconnues.
« Ce ne fut pas uniquement une pression de la part des historiens, ce fut une pression de la plupart des personnes qui étaient au courant de ce qui s’était passé en mai 1945. Bien évidemment, ce fut après l’année 1989. Pendant un certain temps, cette journée fut encore célébrée sous le nom de « Victoire sur le fascisme », ce qui est une absurdité dans le cas tchèque, car il n’y avait presque aucun italien occupant la Tchécoslovaquie. Cette journée est donc la journée de la victoire sur l’Allemagne nazie. Elle rappelle également que nous n’étions pas libérés de façon passive, mais que nous étions du côté des vainqueurs. »Pour commémorer la victoire sur le nazisme, et comme le veut la tradition, les plus hauts représentants de l'Etat, dont le président Miloš Zeman et le premier ministre Petr Nečas, se sont retrouvés dans la matinée du mercredi au mémorial de Vítkov, à Prague, où ils ont assisté à un défilé militaire. Le dépôt de couronnes de fleurs sur la tombe du soldat inconnu à Vítkov rend hommage aux victimes dont les familles ignorent le lieu de mort. Plusieurs anciens combattants ont également participé à la cérémonie, comme le lieutenant Jiří Pospíšil, qui avait rejoint la résistance locale alors qu’il n’était que lycéen, et qui avait apporté son soutien au soulèvement de mai 45. Jiří Pospíšil :
« Tout a commencé avec les représailles après l’assassinat de Heydrich, lorsque les nazis sont venus le 10 juin en classe, et ont arrêté notre professeur, ainsi que deux autres. Le lendemain on a pu lire dans les journaux, qu’ils avaient été fusillés. C’est à ce moment là qu’est née une grande haine envers les allemands. »Le colonel Jaroslav Hofrichter, ancien pilote, a fait part de ses plus grandes frayeurs pendant la guerre :
« Les attaques sur les bateaux dans les canaux étaient les pires. Les raids sur l’Allemagne étaient horribles également, même si je n’ai participé qu’à trois d’entre eux, mais lorsqu’on devait bombarder les bateaux de guerre d’un niveau très bas, les tirs allemands pouvaient nous atteindre très facilement. Mais je le dis de nouveau, en guerre, on doit être chanceux. Ni l’intelligence, ni rien d’autre ne peut aider, seulement la chance. »
Selon l’historien Tomáš Jakl, il est toujours possible de découvrir de nouveaux éléments sur la Seconde guerre mondiale, comme par exemple le nombre de victimes tchèques ayant succombé aux raids de l’armée soviétique pendant la libération, révélé cette année seulement et faisant état de 1000 victimes.
En cette journée symbolique de victoire de la démocratie sur les régimes totalitaires, Miloš Zeman a usé de sa prérogative présidentielle en nommant cinq nouveaux généraux, parmi lesquels on compte le chef des services secrets Karel Kovanda, le commandant des forces terrestres Ladislav Jung ou le commandant des forces conjointes Ján Gurník.Si l’armée possède une place non négligeable au sein de chaque État, terminons sur la parole judicieuse d’un autre ancien combattant. Rostislav Kubišta était persuadé à 99% à l’époque, que la guerre n’aura pas lieu. Il est ainsi nécessaire que tout le monde prenne conscience du fait que la guerre ne doit plus jamais se reproduire.