75 bougies pour l’ancien président Václav Havel

Václav Havel, photo: Lidové noviny, Tomas Krist, Isifa

Le 5 octobre, l’ancien président tchèque, dissident sous le régime communiste, et dramaturge, Václav Havel, fêtera ses 75 ans. Un anniversaire qu’il a fêté avec quelques jours d’avance samedi, à Prague.

Václav Havel,  photo: Lidové noviny,  Tomas Krist,  Isifa
Il avait un peu disparu de la vie publique depuis quelques mois en dépit de quelques réactions épisodiques à la vie politique tchèque. Des ennuis de santé à répétition avaient obligé Václav Havel à une longue convalescence forcée ces derniers mois dans sa maison de campagne de Hrádeček, jadis lieu de rencontre des dissidents au régime communiste.

Vendredi dernier, l’ancien chef de l’Etat tchèque est rentré à Prague, avec la ferme intention de reprendre le travail, avec à l’horizon du mois d’octobre, la 15e édition de la conférence internationale Forum 2000, conçue et promue par lui-même, et qui se déroulera les 9 et 11 octobre prochains.

Madeleine Albright avec Václav Havel et Dagmar Havlová,  photo: Alan Pajer,  Isifa
Dès samedi, une grande fête a été organisée en l’honneur de Václav Havel dans les locaux du Centre d’art contemporain DOX, dans le quartier de Holešovice à Prague. Parmi les invités de la réception, l’ancien secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright, d’origine tchèque et amie de longue date de Václav Havel, de passage à Prague également à l’occasion de l’inauguration cette semaine de la nouvelle statue de Woodrow Wilson, à Prague, à laquelle tous deux pourraient également assister.

En dépit de sa santé fragile et de ses rechutes, Václav Havel continue de jouer un certain rôle sur la scène politique tchèque, en tant qu’observateur et commentateur des événements qui l’agitent. Récemment, il a exprimé sa désapprobation croissante face aux positions de son successeur à la présidence, Václav Klaus. Inquiet des dérives liées à la présence de Ladislav Bátora, ancien candidat d’un parti d’extrême-droite, au sein du ministère de l’Education, Václav Havel voit d’un mauvais œil le soutien accordé à celui-ci par le plus petit parti de la coalition gouvernementale, Affaires publiques, ainsi que par le chef de l’Etat même.

Photo CTK
« En tant que spectateur ou auditeur, je m’amuse particulièrement du caractère obscur grandissant des scandales quotidiens. En tant que citoyen, je me sens profondément frustré et inquiet du fossé qui se creuse de plus en plus entre le monde politique et l’opinion publique. » Telle est la vision de Václav Havel sur une actualité tchèque qui ne cesse de le désoler.

Premier président de la République fédérale tchécoslovaque, puis de la République tchèque après la révolution de velours, le dramaturge Václav Havel a été la figure de proue de la dissidence dans les années 1970 et 1980. A l’origine de la Charte 77, document entérinant les revendications de l’opposition pour plus de libertés civiques, Václav Havel a passé plusieurs séjours en prison avant de recouvrer la liberté. Ses mandats à la tête de l’Etat ont été caractérisés, notamment au début des années 1990, par une forme de liberté informelle, peu commune pour un chef de l’Etat, et même si d’aucuns ont tendance à critiquer le bilan final de Havel à la fin de sa présidence, il n’en reste pas moins qu’il demeure le symbole d’une intégrité morale et d’un sens des responsabilités que beaucoup de Tchèques regrettent aujourd’hui.