9 ans après, le Sparta règne de nouveau sur le football tchèque
Un bon vieux 0-0 et revoilà le Sparta champion de République tchèque de football. Le résultat nul et vierge obtenu sur la pelouse de Slovácko, mardi soir, a suffi au bonheur des Pragois. Avant même la dernière journée des play-offs, ce samedi, le Sparta a l’assurance de terminer devant son grand rival du Slavia. Neuf ans après son dernier sacre, ce nouveau de titre de champion, le 37e de son histoire, est d’abord un immense soulagement pour tout un club.
Une décennie ou presque à l’échelle des supporters du Sparta, club le plus titré du football tchèque, cela ressemble fort à une éternité. Pour les millers d’entre eux qui avaient fait le déplacement jusqu’en Moravie du Sud, la joie a donc été débordante au coup de sifflet final, mardi peu avant 21h00, et tous ont alors envahi la pelouse du petit stade du FC Slovácko.
Avec cinq points d’avance sur le Slavia à deux journées de la fin, et l’avantage en cas d’égalité au terme des play-offs d’avoir remporté la saison régulière, les Pragois savaient, avant le coup d’envoi, qu’ils n’avaient plus besoin que d’un petit point pour reconquérir une couronne qui leur échappait depuis 2014. C’est donc chose faite, sans spécialement briller, mais là n’était bien évidemment pas l’essentiel, comme l’a reconnu l’entraîneur du Sparta, le Danois Brian Priske :
« Les gens qui sont au club attendaient ce titre depuis tellement longtemps que les émotions sont très fortes. Les joueurs, le staff, tout le monde a beaucoup souffert et je suis très heureux d’être avec eux au milieu de tout cela. Il faut souligner que des gens comme (le manager) Tomáš Rosický ont réalisé un travail formidable. Je pense que nous avons été la meilleure équipe du championnat sur les 20 à 25 dernières journées. Nous n’avons perdu que deux matchs de toute la saison. Bien sûr, nous avions du retard sur le Slavia et Plzeň, mais à la fin, nous méritons d’être champions. »
Aux yeux d’Ivan Hašek, ancien entraîneur lui aussi du club, mais aussi de Strasbourg et de Saint-Étienne, Brian Priske est le grand artisan de ce retour du Sparta tout en haut de l’affiche :
« Je pense que c’est d’abord le fruit du très bon travail de l’entraîneur. Il a parfaitement compris qu’il n’y avait que la victoire qui compte au Sparta. Il a su s’adapter à cette exigence et à un nouvel environnement en Tchéquie. On sent qu’il s’entend bien avec les joueurs. Il a su former un collectif avec un excellent état d’esprit. »
Arrivé il y a un an, en mai 2022, en provenance de l’Antwerp et du championnat de Belgique, Brian Priske est le premier entraîneur étranger sacré champion de République tchèque. Lui même détenteur de dix titres avec le Sparta en tant que joueur et capitaine puis entraîneur, Ivan Hašek estime néanmoins que le mérite de ce succès tant attendu ne revient pas seulement au Danois :
« Un entraîneur ne travaille pas seul. Il a aussi un staff, des dirigeants et des joueurs. Brian Prieske a tous ces gens autour de lui qui l’ont aidé dans son adaptation au contexte et au championnat tchèques, qui lui ont expliqué la manière de vivre ou la mentalité des joueurs. C’est très important et lui a su s’adapter. C’est un travail d’équipe qui, je pense, a été bien mené. »
Pour beaucoup d’observateurs, les deux tournants de cette fin de saison auront été les dernières minutes des deux derniers derbys contre le Slavia. D’abord durant la saison régulière où le Sparta est parvenu à égaliser (3-3), puis lors de la 2e journée des play-offs où les jeunes Pragois se sont cette fois imposés (3-2) grâce à un pénalty transformé tout au bout du temps additionnel.
Ainsi, alors que c’était plutôt le Slavia qui apparaissait comme favori l’été dernier, et même encore au début du printemps, c’est finalement le Sparta qui succède au Viktoria Plzeň au palmarès, et ce de nouveau au bout d’une formule saison régulière – play-offs qui n’a pas convaincu grand-monde, à commencer par Ivan Hašek :
« Je suis complètement contre. Aucun grand championnat en Europe n’a de play-offs et pour les gens qui ne suivent pas le football régulièrement, c’est un peu compliqué de s’y retrouver. Si on trouve qu’il n’y pas assez de matchs, passons à une ligue à dix-huit équipes (au lieu de seize actuellement). Avec les play-offs, cela dépend beaucoup de l’état de forme du moment. Si vous avez quelques blessés, vous pouvez perdre tout le bénéfice de la saison. C’est pourquoi je préférerais que l’on revienne à l’ancienne formule avec une saison sans play-offs. »
La cinquième et dernière journée de ces play-offs qui ne font donc pas l’unanimité sera disputée ce samedi avec pour seul véritable intérêt la lutte entre les Bohemians et Slovácko pour la quatrième et dernière place qualificative pour les tours préliminaires de la Ligue Europa Conférence la saison prochaine.
Le Sparta, lui, aura tout le loisir de fêter son titre avec son public et son président, le milliardaire Daniel Křetinský, qui sera désormais moins moqué. La pils coulera bien évidemment à flots, et pas seulement parce qu’il s’agira de la réception de Plzeň, qui reste la capitale de la bière mais n’est désormais donc plus celle du football tchèque...