A Certain Kind of Silence, le nouveau film tchèque inspiré de la secte des Douze Tribus
La communauté des Douze Tribus (appelée aussi Tabitha’s place en anglais) est une secte chrétienne créée aux Etats-Unis et implantée depuis quelques décennies en Europe. La maltraitance des enfants étant une de ses caractéristiques principales, ce mouvement fondamentaliste a fait l’objet de poursuites judiciaires, notamment en Allemagne en 2013 après une enquête journalistique révélant la cruauté des membres adultes envers les plus jeunes. Le réalisateur tchèque Michal Hogenauer s’est inspiré de ce fait divers pour son dernier film, A Certain Kind of Silence (Tiché doteky), sorti en salles cette semaine. Jakub Felcman a co-signé le scénario de ce film dur et épuré :
« C’est un bon sujet à travailler parce qu’on peut difficilement imaginer plus cruel. De travailler avec ce monde très extrême, non seulement une secte mais une secte d’une telle cruauté, sert également de métaphore à des situations dans la vie normale avec des rapports dominant/dominé. »
« Au début de ma collaboration avec Michal Hogenauer, on a décidé de ne pas créer une situation dans laquelle le spectateur ne se sentirait pas concerné, parce que c’est une secte – et une secte tellement spéciale. On ne voulait pas ça, on voulait que le public s’identifie avec chaque personnage et que le film commence avec une famille normale : un couple, un enfant et l’arrivée d’une jeune fille au pair. »
« On voulait montrer comment ce n’est pas si difficile d’entrer peu à peu dans une société qui repose sur la cruauté envers ses propres membres ou envers les autres. »Ce film a été co-produit par des sociétés de pays différents, de Tchéquie, d’Allemagne, des Pays-Bas… Cela a-t-il eu une influence sur votre travail d’écriture ?
« Cela a été très facile, j’ai eu avec Michal la liberté de travailler comme on le voulait. Les producteurs savaient dans quoi ils s’engageaient. »
A l’heure où nous parlons, cette secte des Douze Tribus, qui s’est installée en Bohême à Mšecké Žehrovice après son départ d’Allemagne (et aussi à Toulouse, en France), a un stand sur le marché fermier de la place Jiřího z Poděbrad à Prague. Qu’en pensez-vous ?
« C’est une question pour le législateur. Si la loi ne l’interdit pas, alors… La seule chose que je peux faire moi est de raconter l’histoire. Mon métier est de raconter des histoires. Cela peut aider parfois, cela peut ouvrir les yeux d’autres personnes. Ce n’est peut-être pas beaucoup mais c’est déjà ça. Et je suis reconnaissant de vivre dans une société qui nous laisse raconter de telles histoires. »