A Karlovy Vary, des films, des stars, de la politique et des jeunes en sac à dos

Tim Robbins, photo: ČTK / Slavomír Kubeš

Comme chaque année début juillet, le festival international du film bat son plein à Karlovy Vary. Aucun film français n’est en compétition cette année, mais de nombreux autres films francophones sont à découvrir dans les autres sections du plus gros événement cinéma de République tchèque. Reportage depuis la cité thermale.

Tim Robbins,  photo: ČTK / Slavomír Kubeš
A Karlovy Vary, comme tous les ans au mois de juillet depuis des décennies, les cinéphiles de République tchèque et de l’étranger se retrouvent pour le festival international du film. La charmante ville thermale à 130 kilomètres de Prague est habituée aux stars : autrefois Goethe, Chopin, le tsar Pierre le Grand ou encore Ivan Tourgueniev ont aussi déambulé le long des colonnades.

Aujourd’hui, écrivains et compositeurs ont été remplacés par les stars de cinéma. Cette année, Tim Robbins a été le premier à être distingué par le Globe de cristal. Il s’est souvenu avec une certaine émotion de sa rencontre avec le réalisateur tchèque récemment décédé Miloš Forman, dont le film « Les amours d’une blonde » a fait l’ouverture du festival. Comme cela arrive parfois dans les festivals, la scène sert de tribune politique, et l’acteur et réalisateur américain ne s’est pas fait prier pour exprimer sa vision critique du président américain Donald Trump, rappelant que les festivals sont « un des derniers lieux où nous pouvons voir l’expression crue du monde où nous vivons ».

« Weldi »,  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
En attendant, une chose est sûre, les festivaliers sont venus en nombre voir cette réalité crue, comme celle montrée par le réalisateur tunisien Mohamed Ben Attia dans son film « Weldi », sur la disparition d’un adolescent recherché par ses parents dont on découvre plus tard qu’il est parti rejoindre Daesh pour faire le djihad en Syrie. « Weldi » a été présenté samedi soir et Mohamed Ben Attia a relevé combien les questions sur son film sont différentes en République tchèque par rapport à la France :

« C’était intéressant parce que, plus qu’ailleurs et plus qu’en France, les gens s’attardent à poser des questions sur Daesh et sur l’islamisme plutôt que sur ce que le film pourrait traiter de plus complexe. Je l’ai forcément bien accepté parce que c’est un phénomène qui apparaît plus lointain ici qu’en France ou en Belgique, où on en parle très fréquemment et où les gens commencent à avoir fait le tour de la question. On m’a demandé par exemple si le cadre familial était réaliste, si je n’avais pas essayé d’édulcorer l’histoire, mais aussi s’il existe réellement des familles où un enfant peut partir ainsi sans raison… En France, les gens ne posent pas ce genre de questions parce qu’ils savent que malheureusement, ce peut être le cas et qu’il n’y a pas un seul profil dans les personnes qui partent pour le djihad. Tout cela m’intéresse beaucoup parce que je suis confronté à une réalité que je n’avais jamais vue grâce à des personnes qui ont une autre culture et une autre ouverture sur le monde. »

Miloš Forman | Photo: Alinoe,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0
Ce festival est le rendez-vous des cinéphiles, des cinéastes mais aussi de tous les professionnels du cinéma. Karlovy Vary est aussi l’un des rares festivals internationaux où se côtoient jeunes en sac à dos, familles avec enfants et gens du cinéma dans une atmosphère détendue et sans bling-bling. Zuzka est venue cette année cette année avec son mari et ses deux petits garçons :

« Je suis toujours du côté de ceux qui font du camping, donc du côté de ceux qui ne sont pas sur le tapis rouge ! Donc, l’atmosphère est très sympa et amicale. Nous sommes arrivés ce matin. Mon mari est allé voir un film, et moi j’ai fait des activités et une promenade avec les enfants le long de la colonnade. Je suis allée pendant des années au festival et cette année, c’est une première avec les enfants ! Si on se partage les tâches, que l’un va voir un film et l’autre reste avec les enfants, ça va… »

Petr quant à lui, vient depuis vingt-cin ans à Karlovy Vary et le plaisir reste le même :

« J’adore le cinéma. Et Karlovy Vary est sans concurrence : c’est ici qu’il y en a le plus et ce sont les meilleurs que l’on peut voir en République tchèque. Et puis, il y a cette atmosphère de la ville… Autrefois, il y avait un festival concurrent à Prague, et franchement, cela n’avait pas du tout la même atmosphère. Donc la combinaison de cette ambiance si spéciale et du cinéma, vous ne la retrouverez nulle part ailleurs dans le pays, donc c’est pour ça que j’aime venir ici, et j’espère que je le ferai encore longtemps. »

Le festival, qui s’est ouvert vendredi dernier, se clora samedi prochain avec le film français « Le grand bain » de Gilles Lellouche. Entretemps, il reste encore toute la semaine pour découvrir quelques-uns des 180 films programmés et peut-être croiser un des invités de cette année, comme l’acteur britannique révélé dans la saga « Twilight » Robert Pattinson.