A Prague, le trompe-l’œil a son musée
Avec une vue splendide sur l’Horloge astronomique de la Vieille-Ville, le Musée des illusions, fondé il y a tout juste un an, est le tout premier musée de Prague entièrement consacré à l’art de l’illusion et au trompe-l’œil. Radio Prague Int. s’y est rendu, le temps d’une visite pleine de surprises.
S’il y a une ville connue pour ses mystères et ses légendes, c’est bien Prague décrite en 1935 par André Breton comme « la capitale magique de l’Europe ». Le Musée des illusions semble avoir repris le flambeau. Après avoir traversé la place Venceslas et atteint la place de la Vieille-Ville, nous arrivons au musée, où nous attend son manager Martin Soukup. Il nous en explique le principe :
« Le concept du musée est d’observer les œuvres à travers l’objectif d’un appareil photo, ce qui les rend plus visibles. Par exemple, cette œuvre de David Strauzz représente un lit après sept ans de relation amoureuse. L’œuvre est composée de 2 555 cœurs. Un cœur signifie un jour dans la relation. Est-ce que vous voyez quelque chose dans cette œuvre ? Si vous regardez à travers l’objectif d’un appareil photo, vous y découvrirez le visage d’une femme. »Les perspectives déformées et les anamorphoses, qui jouent sur la perception de l’observateur, sont des techniques ancestrales en peinture. Parmi les plus célèbres illusions de l’art occidental, Hans Holbein et la fameuse tête de mort cachée au pied de ses Ambassadeurs. Plus près de nous, les célèbres dessins d’Escher ont poussé à l’extrême le jeu tridimensionnel en deux dimensions.
Au Musée des illusions de Prague, c’est l’appareil photo qui permet de capturer en images l’illusion que le visiteur interagit directement avec les œuvres en trompe-l’œil. Deux Montpelliérains en visite à Prague, Laurence et Nicolas nous expliquent :
« C’est le côté sympa du musée. Il n’y a pas que de l’observation, on est acteurs. C’est rigolo. »
« C’est unique. Il faut prendre des photos pour pouvoir se rendre compte de l’illusion. Donc sans portable, c’est difficile. »
En poursuivant notre visite, Martin Soukup nous conduit vers une série de « peintures métallurgiques » de l’artiste Ladislav Vlna qui a développé à Prague une technique bien à lui. Pour créer des portraits dans le métal, Ladislav Vlna brûle des images sur des plaques de métal sans recourir à aucun autre matériau. Aux côtés de portraits du scientifique Otto Wichterle et d’un des pères de l’art abstrait František Kupka, une peinture métallurgique représentant l’écrivain Karel Čapek nous est présentée par Martin :« Dans ce portrait de Karel Čapek, on peut voir deux images qui se confondent selon l’angle adopté. On peut voir un visage mais aussi un squelette ainsi qu’une main de robot en référence à l’œuvre de Karel Čapek ‘RUR’, dans laquelle il a inventé le mot ‘robot’.»
Une autre œuvre en référence à l’histoire tchèque rencontre également un franc succès auprès des visiteurs de l’exposition. Petr, qui s’est arrêté pour prendre des photos est l’un d’entre eux :
« L’œuvre que j’ai préférée représente une des défénestrations de Prague. Celui qui regarde le tableau peut faire semblant de jeter quelqu’un de la fenêtre. Je trouve que c’est une œuvre amusante. Grâce à mes cours d’Histoire, je connais cet épisode où deux gouverneurs habsbourgeois ont été jetés d’une fenêtre du Château de Prague (en 1618, ndlr). »Le musée est donc un moyen de partager quelques souvenirs en famille. Tom accompagné de sa mère Markéta et de leur famille ont choisi un autre détournement d’une célèbre œuvre de Léonard de Vinci :
« Sur un mur, il y a une grande photographie du tableau ‘La Cène’, le dernier repas de Jésus. Nous nous sommes tous réunis pour faire une belle photo. »