A Quimper, un tableau de Paul Gauguin exposé en collaboration avec la Galerie nationale de Prague
A partir du 14 juillet et jusqu’au 8 septembre, le Musée des Beaux-Arts de Quimper propose, dans le cadre d’une sorte de saison tchèque en Bretagne, une exposition d’un tableau de Paul Gauguin intitulé Bonjour Monsieur Gauguin. Cette œuvre importante dans le parcours artistique du peintre a été exceptionnellement prêtée par la Galerie nationale de Prague. Guillaume Ambroise est le directeur du Musée des Beaux-Arts, il nous rappelle la genèse de cette collaboration franco-tchèque.
Il faut rappeler qu’en effet, parallèlement à cette exposition du tableau Bonjour Monsieur Gauguin, se déroule actuellement une exposition au Musée départemental breton consacrée aux artistes tchèques inspirés par la Bretagne.
« Il y a en effet à Quimper une sorte de saison tchèque qui vient éclairer le passage de nombreux artistes tchèques venus en Bretagne entre 1850 et 1950. La venue de ces artistes permet en retour de mieux comprendre aussi les influences et les échanges qu’ils ont pu connaître avec le milieu pictural tel qu’il se développait en Bretagne à cette époque-là. Parmi les grands acteurs de la modernité, Paul Gauguin joue un rôle central dans l’histoire de l’école de Pont-Aven et du petit hameau du Pouldu, puisque le tableau y a été peint. »
Rappelez-nous justement l’histoire de ce tableau…
« C’est un tableau riche d’enseignements car il raconte plusieurs histoires et notamment une histoire qui s’est passée une année auparavant, durant l’hiver 1888, où Gauguin effectue un séjour à Arles qui sera interrompu, en compagnie de Vincent Van Gogh. C’est le fameux séjour suivi d’une crise de démence de Van Gogh. Ce séjour est très fructueux, les artistes visitent notamment le Musée Fabre à Montpellier. Ils y découvrent un tableau intitulé Bonjour Monsieur Courbet, de Gustave Courbet. Voilà donc la source et l’origine de l’œuvre de Gauguin. Sauf qu’entre le tableau de Courbet qui met en valeur l’artiste et celui de Gauguin, il y a là bien des différences : l’œuvre de Gauguin est bien plus parodique que valorisante pour le statue de l’artiste. »
C’est un prêt exceptionnel et aussi un retour du tableau après plus d’un siècle, comme vous le disiez. Dans quelles conditions de transport et de conservation se fait ce genre de prêt ?« Evidemment, il faut présenter les garanties les plus solides possibles. Le transport est toujours réalisé par des professionnels, avec l’usage de conditionnements très isolants qui permettent aux œuvres de traverser les frontières et les climats sans trop de problème. Et puis, il faut garantir certaines choses pour permettre une conservation dans les meilleures conditions, notamment sur le plan des températures, de l’hydrométrie, de l’éclairage et évidemment sur le plan de la sécurité. Ce qui est important, c’est de dire que ce prêt exceptionnel n’est pas à sens unique. C’est aussi un prêt qui permet celui de dix œuvres à la Galerie nationale de Prague, issues des collections du Musée des Beaux-Arts de Quimper. Ce que nous pouvions offrir pour l’exposition de Prague à l’automne prochain, c’est un environnement qui permet de mieux saisir l’importance de l’œuvre de Gauguin. Donc à côté de cette œuvre de Gauguin, vous y retrouverez celles d’artistes centraux qui ont compté, dans ce voisinage et cette espèce de fraternité aux ateliers de Bretagne à cette époque-là. Il y aura des œuvres de Paul Sérusier, d’Emile Bernard, donc de tous les acteurs qui ont contribué à l’histoire et à cette épopée de la peinture dans le sud du Finistère. »